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Métam-sodium : une entreprise agricole jugée à Angers après l'intoxication de 70 personnes avec le pesticide

Ce produit dangereux pour la santé, et retiré du marché en 2018, a été utilisé durant de nombreuses années par les maraîchers français. Les associations environnementales regrettent qu'il ait fallu attendre un procès pour que les autorités sanitaires réagissent.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
  (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Le métam-sodium est sur la sellette depuis 14 ans. L'Europe avait interdit ce pesticide dès 2009. Mais certains pays, comme la France, avait accordé une dérogation au secteur agricole, le temps de trouver une alternative. Ce produit "était utilisé de façon habituelle par les maraîchers et il était déjà identifié depuis plusieurs années comme étant problématique du fait de ses effets sur l'environnement et sur la santé humaine", explique Benjamin Hogommat, responsable juridique de l'association France Nature Environnement.

>>> Un "poison", une "kalachnikov"... Inquiétudes autour du métam-sodium, le pesticide qui a intoxiqué 70 personnes dans le Maine-et-Loire

L'entreprise agricole nantaise Primaloire et un de ses salariés sont jugés, lundi 22 mai, pour "blessures involontaires" devant le tribunal correctionnel d'Angers (Maine-et-Loire). Ils sont accusés d'avoir intoxiqué au moins 70 personnes dans le département. Les premiers effets de cette intoxication apparaissent à l'automne 2018, près d'Angers, après l'épandage du produit chez un producteur de mâche. Irritation aux yeux, gênes respiratoires, maux de têtes... Une vingtaine de personnes travaillant aux alentours doivent être hospitalisées.

D'autres produits "mériteraient un réexamen"

Le pesticide est alors retiré du marché par l'Anses (agence nationale de sécurité des médicaments), plus tôt que prévu, rappelle Benjamin Hogommat : "Les autorités européennes avaient de toute façon fixé la date limite de 2022 pour la commercialisation de la substance métam-sodium, mais on n'était pas à l'abri que l'un des fabricants demande un report et que ce soit encore sur le marché aujourd'hui". Pour France Nature Environnement, c'est donc bien cet incident qui a forcé les autorités à réagir.

Le procès est, ajoute Benjamin Hogommat, "l'occasion de rappeler qu'il y a un certain nombre d'autres produits qui mériteraient de faire l'objet d'un réexamen. Et ce serait bien de ne pas attendre qu'il y ait un autre scandale sanitaire pour pouvoir les interdire".  Parmi les 70 victimes recensées, seules une minorité se sont portées parties civiles.

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