Procès Fouquet : deux accusés condamnés pour le meurtre de la policière, Faïd écope de 18 ans pour association de malfaiteurs
Neuf hommes étaient jugés depuis sept semaines devant la cour d'assises de Paris. Trois d'entre eux étaient poursuivis pour le meurtre de la policière municipale.
Le verdict est tombé après 13 heures de délibéré. Sur les neuf accusés jugés depuis sept semaines devant la cour d'assises de Paris pour la fusillade mortelle de Villiers-sur-Marne le 20 mai 2010, deux ont été reconnus coupables du meurtre de la policière Aurélie Fouquet, mercredi 13 avril. Olivier Tracoulat, jugé par défaut car probablement mort, a écopé de 30 ans de réclusion, une peine conforme aux réquisitions. Daouda Baba, lui, été condamné à 20 ans de prison. Rabia Hideur, également renvoyé pour le meurtre de la policière, a été acquitté de ce chef d'accusation et condamné à 10 ans de réclusion.
Le médiatique braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, soupçonné d'être le cerveau de cette tentative de braquage au fourgon blindé qui a mal tourné, a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs et de délits connexes et condamné à 18 ans de prison. L'accusé, chemise verte et barbe apparente, a secoué la tête à plusieurs reprises pendant le verdict. L'avocate générale Maryvonne Caillibotte, l'estimant au "centre" de cette équipée criminelle, avait requis contre lui 22 ans de réclusion, dont une période de sûreté des deux tiers.
"Vous me tuez là!"
Au cours de l'énoncé du verdict, Daouda Baba s'est agité dans le box, invectivant le président et la cour. "Je vous expulse si vous continuez", a tonné Philippe Roux. "Vous me tuez là", s'est effondré l'accusé, sonné d'entendre répondre "oui" à toutes les questions sur sa culpabilité. Pendant les débats, l'avocate générale avait souligné que le jeune homme, confronté à son premier procès d'assises, avait effectué une demande de remise en liberté tous les mois depuis sa détention provisoire dans cette affaire.
Si les preuves irréfutables ont manqué dans ce volumineux dossier et n'ont pas permis d'identifier formellement les tireurs, les jurés ont acquis la conviction que le commando meurtrier qui a ouvert le feu sur les policiers était composé d'au moins Olivier Tracoulat et Daouda Baba.
La nature des armes de guerre utilisées, létales, établit l'intention d'homicide. Il n'y a pas eu de désistement, de désolidarisation au sein de l'équipe, prête à fuir au prix de la vie des autres", avait lancé l'avocate générale lundi, requérant 30 ans de prison pour les trois accusés renvoyés pour meurtre. Les jurés ne l'ont pas suivie pour Rabia Hideur, jugeant insuffisante sa reconnaissance de profil par un policier comme étant le passager du fourgon.
L'avocat de Faïd va faire appel
Tous les autres accusés ont été reconnus coupables d'association de malfaiteurs, à l'exception de George Mosheh, acquitté, conformément aux réquisitions. Malek Khider, le seul à avoir reconnu sa participation au projet de braquage, a été condamné à 15 ans de prison. Il a été acquitté, en revanche, pour une autre tentative de braquage à Gentilly en décembre 2009, jugée en même temps. William Mosheh et Olivier Garnier ont été condamnés à 5 ans de prison pour leur rôle logistique dans l'affaire de Villiers-sur-Marne. Jean-Claude Bisel a quant à lui été condamné à un an de prison pour recel de malfaiteur : il a reconnu avoir veillé Olivier Tracoulat, grièvement blessé pendant la fusillade, au lieu de le dénoncer aux autorités.
Les dénégations de certains accusés, mixant loi du silence et explications rocambolesques, n'ont donc pas convaincu les jurés. Pas plus que leurs derniers mots :"Je suis innocent", "je n'ai rien à voir avec les faits", "je ne veux pas payer pour ce que je n'ai pas fait", ont-ils clamé mercredi matin. L'avocat de Rédoine Faïd, qui avait plaidé l'acquittement et agité la menace d'une erreur judiciaire, a annoncé son intention de faire appel dès jeudi, jour de l'audience civile.
La mère d'Aurélie Fouquet, débordée par l'émotion, s'est enfuie du palais de justice peu après le verdict. Son avocat, maître Laurent-Franck Liénard, s'est dit satifsait de la reconnaissance de culpabilité de la quasi-totalité des accusés, accordant peu d'importance au "quantum" des peines. "Il en manque un, c'est le prochain combat à mener", a-t-il ajouté, faisant référence à l'autre grand absent du procès, en dehors d'Olivier Tracoulat : Fisal Faïd, le frère de Rédoine Faïd. Soupçonné de faire partie du commando, il a quitté la France pour l'Algérie au lendemain de la fusillade et s'y trouve toujours.
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