Procès du double assassinat à l'aéroport de Bastia : "Cathy la matonne", l'ancienne gardienne de prison risque la réclusion criminelle à perpétuité
L'ancienne gardienne de la prison de Borgo est accusée d'avoir désigné les cibles aux tueurs, en leur faisant la bise. Lundi 13 mai, elle est interrogée à la cour d'assises d'Aix-en-Provence dans un procès qui doit durer deux mois. Cathy Chatelain détonne dans l'immense box vitré au milieu des autres accusés, avec sa carrure imposante, ses longs cheveux noirs. Elle est la seule femme, la seule aussi à ne pas avoir grandi en Corse, mais en banlieue parisienne.
À 48 ans, Cathy n'a jamais été condamnée, elle a cinq enfants, rêvait d'être hôtesse de l'air et a fini surveillante de prison. Quand elle parle des détenus devant la cour d'assises, elle dit "mes détenus". "Mes détenus, avec qui j'aimais discuter." Ils comblaient sa vie sociale "nulle", dit-elle, et c'est d'ailleurs un détenu qui lui a parlé de la Corse. On lui a promis qu'elle y serait protégée, elle et ses enfants. Un peu comme une nouvelle famille, explique un psychologue à la barre.
Cathy a demandé à être affectée à Borgo et là-bas, elle s'est passionnée pour la langue, la musique, la culture corse… et pour le grand banditisime. Selon les experts, c'est pour trancher avec sa vie un peu trop lisse qu'elle a rejoint le clan. "Je l'ai choisi", avait même revendiqué Cathy devant les enquêteurs.
Une fascination radicale pour la mafia
"Cathy la matonne" a prêté "allégeance au clan", explique un psychiatre à la barre. Il y a eu chez elle, "un mécanisme d'adhésion, un peu sectaire", "on n'est pas très loin du radicalisme religieux". Le clan, "elle y est très attachée, elle le dit elle-même, 'je suis un soldat, j'avais un travail à faire'". "Elle va jusqu'au bout", précise encore l'expert. Selon l'accusation, la surveillante de prison communique sur un téléphone crypté, échange la nuit avec des hommes cagoulés, donne des renseignements sur les permissions de sorties d'un détenu - l'une des deux cibles - et vient lui faire la bise en personne, à l'aéroport de Bastia, juste avant les coups de feu. Le baiser de la mort. Tout cela en échange d'une somme à six chiffres. Aujourd'hui dans le box des accusés, Cathy garde la tête haute, froide, alors qu'elle risque la réclusion criminelle à perpétuité.
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