Affaire Yuriy : la justice face au casse-tête de la responsabilité des mineurs
L'affaire avait fait grand bruit en janvier 2021 : la violente agression du jeune Yuriy sur la dalle de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement à Paris. Cette affaire avait braqué les projecteurs sur les rivalités entre bandes. Presque trois ans après, à partir de lundi 4 décembre 2023, huit jeunes hommes, âgés de plus de 16 ans au moment des faits, sont jugés aux assises des mineurs de Paris, dont cinq d'entre eux pour tentative de meurtre. Pendant trois semaines, la justice va tenter de déterminer la responsabilité des uns et des autres.
Au cœur de l'enquête, une vidéo, devenue virale sur Internet, longue d'une vingtaine de secondes : on peut y voir le jeune Yuriy au sol, roué de coups de pied, de béquille, de marteau, à la tête, par une dizaine de jeunes avant de l'abandonner entre la vie et la mort. La vidéo de ce lynchage qui allait alors sur ses 15 ans avait suscité énormément de réactions, suscitant l'émotion, notamment d'Omar Sy ou encore d'Antoine Griezmann.
La vidéo est aujourd'hui l'une des clés de ce procès. Les jurés doivent ainsi répondre à ces questions : qui a porté les coups ? Les accusés avaient-ils l'intention de tuer le jeune homme ? "Ce qui est reproché à mon client, ce sont des coups de pied sur le bas du corps et les épaules de la victime", explique Me Camille Radot, qui défend l'un des adolescents jugés pour tentative de meurtre. "Est-ce que ces coups de pied peuvent permettre de caractériser contre mon client une intention de tuer ? Je ne le pense pas."
L'un des jeunes jugés exprime des remords
Selon les éléments de l'enquête, cette agression s'est déroulée sur fond de vengeance entre bandes du 15e arrondissement de Paris et des Hauts-de-Seine. Le client de Me Camille Radot a fait un an de détention provisoire après sa mise en examen. Aujourd'hui âgé de 20 ans il exprime désormais des remords. "Il a évidemment beaucoup réfléchi par rapport à ça, poursuit son avocat. Il a exprimé beaucoup de regrets et de honte et depuis sa sortie de détention, il est complètement inséré, scolarisé, il a eu des diplômes. Son chemin de vie continue."
Dans cette affaire, les quatre plus jeunes ont déjà été jugés par le tribunal pour enfants. Des mineurs âgés de 14 à 15 ans condamnés jusqu'à deux ans et demi de prison ferme en mars. Dans le procès qui s'ouvre lundi à 14h30 et qui va se tenir sans doute à huis clos, les accusés risquent jusqu'à 15 ans de prison.
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