Scandale des enfants placés du Nord : 19 personnes jugées à Châteauroux, mais aucun responsable de l'ASE
C'est une affaire hors norme qui doit être jugée à partir de lundi 14 octobre à Châteauroux et jusqu'à vendredi. Pendant sept ans, de 2010 à 2017, des familles dans l’Indre, la Haute-Vienne et la Creuse ont accueilli sans autorisation des dizaines d'enfants suivis par l'Aide sociale à l'enfance du Nord.
Une vingtaine de jeunes ont témoigné de violences graves et répétées, le plus souvent de la part de deux hommes. Il est notamment question de coups de poing, coups de pied, coups de cravache, strangulations. Les enfants ont aussi été victimes de surdosages de Valium. 19 personnes comparaissent, mais le département du Nord ne sera pas sur le banc des accusés.
L'ASE non poursuivie dans le dossier
Parmi les 19 accusés, il y a cette agricultrice de 55 ans qui pendant des années a hébergé des enfants sans déclarer l'argent reçu en échange. D'après son avocat Me Jeremy Schuletzki, celle-ci pensait que c'était légal.
"Ce qui s'est passé pour ma cliente, c'est qu'un des membres de l'association est venu à la ferme avec un enfant dans la voiture en disant 'écoutez madame, on ne sait pas où le faire dormir ce soir"
L'avocat Jeremy Schuletzkià franceinfo
Et de poursuivre : "Donc elle a accepté de recevoir cet enfant. Ça devait durer une semaine, ça a duré six mois. Ils ont manipulé leur monde pour faire en sorte que des enfants soient gardés par des familles d'accueil."
"Cette association n'avait absolument aucun agrément"
Pour l'avocat, il est incompréhensible que l'Aide sociale à l'enfance du Nord ne soit pas poursuivie. "Il ressort clairement de la procédure que l'Aide sociale à l'enfance du Nord a envoyé ces enfants en séjour de rupture dans cette association qui n'avait absolument aucun agrément pour pouvoir accueillir des enfants placés, et dont certains ont fait des signalements", soutient Me Schuletzki.
A l'époque, malgré ces signalements, l'ASE a choisi de poursuivre son partenariat. Dans un courrier versé au dossier, le responsable d'une antenne des services sociaux du Nord explique qu'il est difficile de se séparer de professionnels qui n'hésitent pas à accueillir des jeunes dont personne ne veut. Il aurait dû avertir le procureur de la République, mais ne l'a jamais fait.
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