La difficile traque des armes imprimées en 3D, ces armes intraçables et peu chères à fabriquer

Un réseau de trafic d'armes imprimées en 3D a été démantelé fin janvier en France et en Belgique. Le phénomène, né aux États-Unis, commence à s'exporter en France, suscitant l'inquiétude des autorités.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des armes imprimées en 3D saisies par les forces de l'ordre, à Marseille, en février 2024. (MATHILDE VINCENEUX / RADIOFRANCE)

C'est une première en France : les autorités ont démantelé un réseau de trafic d'armes fabriquées par des imprimantes 3D. 14 personnes ont été interpellées la semaine dernière, en France et en Belgique, après un an d'enquête pilotée depuis Marseille et confiée à des gendarmes spécialisés dans la lutte contre les criminalités numériques. Ces armes en plastique faites maison et non déclarées étaient revendues sur internet. 

Ce phénomène, né aux États-Unis il y a une dizaine d'années et encouragé par le lobby pro-armes, commence à s'exporter en France : une "ubérisation" du trafic d'armes qui inquiète les autorités. Et pour cause : si elles ressemblent presque à des jouets en plastique avec un canon et des vis métalliques, les sept armes saisies la semaine dernière par les gendarmes "cyber" français sont bien capables de tuer. "La qualité des armes est bonne, voire très bonne, très proche à 95% des armes d'origine", estime le colonel Hervé Pétry, chef de l'unité nationale "cyber". L’une des armes saisies a été fabriquée dans un garage : il suffit d'investir quelques centaines d’euros dans une imprimante 3D et de mettre la main sur la recette de fabrication disponible en ligne.

"Ce qui est frappant dans cette enquête, c'est qu'avec un investissement qui n'est pas lourd, on peut fabriquer des armes."

Pascal Peresse, de l'unité nationale "cyber"

à franceinfo

L'une des difficultés de l'enquête, selon Pascal Peresse, c'est que ces armes, vendues sur la messagerie cryptée Telegram environ un millier d'euros, c'est-à-dire moins cher qu'une kalachnikov, étaient ensuite envoyées en kit, dans plusieurs colis. "Avant l'assemblage, isolément, ce n'est pas forcément répréhensible, poursuit le colonel. Une partie d'arme, quand c'est envoyé que par colis, il n'y a pas forcément une réglementation qui s'applique." Plus inquiétant encore, ces armes n'ont pas de numéro de série, elles sont "intraçables", confie un enquêteur. On les surnomme les armes "fantômes".

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