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Affaire Clément Méric : "Fred Perry, une marque fétiche de la scène skinhead"

Le militant antifasciste a été tué dans une bagarre, mercredi soir, après une vente privée Fred Perry. Une marque aussi bien prisée par les skinheads d'extrême droite que d'extrême gauche.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le militant d'extrême gauche Clément Méric a été agressé, mercredi 5 juin au soir, alors qu'il sortait d'une vente privée de vêtements Fred Perry. (FITSUM BELAY/ILLIMETER / FLICKR)

Clément Méric a été mortellement blessé lors d'une bagarre, mercredi 5 juin, alors qu'il sortait d'une vente privée de vêtements de plusieurs marques, notamment Fred Perry. Il y aurait croisé un groupe de jeunes appartenant à la mouvance skinhead, tendance nationaliste.

Pourquoi cette marque de vêtements est-elle prisée à la fois par les skinheads d'extrême droite et les militants antifascistes ? Francetv info a posé la question à Gildas Lescop, sociologue à l'université de Picardie-Jules Verne (Amiens) et auteur d'une thèse consacrée aux skinheads, à paraître en 2014.

Francetv info : Quelle place occupe Fred Perry dans la culture skinhead ?

Gildas Lescop : La marque Fred Perry est une marque fétiche de la scène skinhead. Les skinheads l'ont portée dès leur apparition, à la fin des années 1960. C'est en quelque sorte un héritage de leurs ancêtres, les mods (une sous-culture britannique, dont les membres, souvent motards, travaillaient particulièrement leur look).

Les skins, qui sont issus de la frange prolétarienne des mods, ont développé un style vestimentaire plus ouvrier que leurs grands frères. Mais ils ont gardé l'habitude de porter certaines marques d'époque, et notamment les polos Fred Perry.

Comment deux camps aussi opposés idéologiquement peuvent-ils se retrouver autour d'une même marque de vêtements ?

Dans les années 1980, le mouvement skin s'est fractionné : certains ont rejoint l'extrême droite, d'autres l'extrême gauche, et d'autres enfin sont restés apolitiques. Mais si le mouvement s'est scindé, les références vestimentaires, elles, sont restées globalement les mêmes. 

Etant donné que les skins de différentes factions portent les même marques, certains ont développé des micro-signes de reconnaissance pour se démarquer. Cela passe par la couleur des lacets, mais aussi par les bandes de couleurs présentes sur les manches des polos Fred Perry.

D'autres marques ont-elles connu le même destin ? Comment ont-elles réagi ?

Les skinheads sont très fétichistes concernant certaines marques : Fred Perry, donc, mais aussi Ben Sherman ou la marque de vêtements de boxe Lonsdale. Les vêtements Lonsdale étaient surtout portés par les skins d'extrême droite, au point que certains établissements avaient interdit la marque (comme l'explique cet article publié par Libération en septembre 2005).

Cela ne plaisait pas du tout à l'entreprise, qui a essayé de se démarquer de cette image. Elle a du coup organisé une campagne de pub dont le slogan était "Lonsdale aime toutes les couleurs".

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