Mort de Méric : la vidéo de l'agression conforte la thèse d'une bagarre qui tourne mal
Une vidéo de la scène est entre les mains des enquêteurs. Mais les interprétations divergent sur les responsabilités de chacun dans le déclenchement de la rixe.
L'information a été révélée par RTL, mardi 25 juin : la bagarre ayant provoqué la mort du jeune militant antifasciste Clément Méric a été filmée par une caméra de vidéosurveillance de la RATP. Pour autant, la vérité semble avoir du mal à surgir à la vue de ces images. En témoignent les interprétations totalement différentes qui en sont faites, par RTL d'une part, par Libération d'autre part.
Pour RTL, Clément Méric aurait provoqué son agresseur
Selon RTL, les images de la caméra de surveillance, située non loin des lieux de la bagarre, sont floues, mais permettent tout de même de "se faire une idée précise de la scène, jusqu'alors uniquement racontée par des témoins".
Pour la station de radio, la vidéo montre le meurtrier présumé, Esteban, se battre avec deux antifascistes. Le jeune étudiant de Sciences Po se précipiterait alors dans le dos d'Esteban pour lui asséner un coup à la tête. Le skinhead se retourne, et frappe Méric au visage, qui s'effondre, inconscient.
La qualité de la vidéo ne permet pas d'affirmer qu'Esteban a donné un deuxième coup au jeune homme, ni qu'un poing américain a été utilisé. Mais, indique RTL, les images confirment l'identité du meurtrier présumé, tout en excluant l'hypothèse d'un lynchage. Elles "montrent un Clément Méric provocateur et confortent la thèse du juge sur une mort accidentelle à la suite de coups donnés", conclut la radio.
Pour "Libération", la vidéo n'apprend rien de nouveau
Le quotidien affirme que la police judiciaire ne partage pas l'interprétation que fait RTL de la vidéo. La radio omet ainsi de préciser que la caméra est orientée vers le trottoir et "ne montre que vingt centimètres au-dessus du sol, c'est à dire les jambes des personnes", dit la PJ, citée par Libération.
Sur les images, les enquêteurs ont constaté des "échanges de coups de pieds" entre cinq garçons d’extrême droite et quatre d’extrême gauche. Ils y auraient distingué Clément Méric à ses "chaussures claires" et son agresseur à ses "godillots". Puis, "à un moment de la rixe", les policiers aperçoivent "Méric passer derrière Esteban occupé à frapper un autre. Peut-être Méric donne-t-il un coup à Esteban lequel, en tout cas, se retourne. Et Méric tombe par terre", poursuit la PJ, toujours citée par le quotidien.
Selon Libération, la police se demande comment RTL peut laisser entendre que c'est Méric qui aurait déclenché l'agression et qu'Esteban n'aurait fait que riposter. Le film de la RATP, concède le journal, permet seulement de confirmer que les antifascistes ont attendu longtemps les skinheads à l'extérieur du magasin pour en découdre.
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