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Mort de Jérémy Cohen : "Aucune certitude établie" sur un éventuel caractère antisémite de l'agression, selon l'avocat de la famille

Franck Serfati reproche à la police son manque de réactivité au premier dépôt de plainte de la famille, le 17 février. "Je n'ai pas l'impression pour autant que le juge d'instruction ait envie de tourner le dos à cette enquête", déclare l'avocat. 

Article rédigé par franceinfo
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Le Palais de justice de Bobigny (illustration). (GUILLAUME GEORGES / MAXPPP)

Franck Serfati, avocat de la famille de Jérémy Cohen, ce jeune homme mort happé par un tramway à Bobigny (Seine-Saint-Denis) mi-février alors qu'il fuyait une agression, déclare mardi 5 avril sur franceinfo qu'il n'y a, pour l'heure, "aucune certitude établie" sur le caractère potentiellement antisémite des faits. "Si l'enquête judiciaire permettait d'établir que le caractère antisémite est caractérisé, on ne serait pas outrancièrement surpris", précise l'avocat.

Plusieurs candidats à l'élection présidentielle se sont emparés du décès de Jérémy Cohen, à six jours du scrutin, en évoquant une agression antisémite, ce que n'évoque pas le parquet de Bobigny. Une première enquête avait été immédiatement ouverte pour déterminer les circonstances du décès. Une information judiciaire a également été ouverte le 29 mars pour "violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a précisé le procureur dans un communiqué lundi.

franceinfo : Avez-vous des éléments sur un potentiel caractère antisémite de l'agression de Jérémy Cohen ?

Franck Serfati : Nous n'avons aucune certitude établie, par contre, il ne s'agit pas d'une affabulation. Moi, je suis avocat, technicien du droit. Lorsqu'on affirme un fait devant un tribunal pour avoir une vérité judiciaire, il faut bien évidemment que ce fait soit parfaitement établi. Aujourd'hui, on n'a pas la preuve que Jérémy a été agressé et tué parce que juif. Pour autant, on ne peut pas dire non plus qu'il n'a pas été violenté parce que juif. On est dans une situation globale depuis maintenant une quinzaine d'annés en France, où les actes antisémites ne sont pas anodins. Ils ne sont pas rarissimes ou exceptionnels. Si l'enquête judiciaire permettait d'établir que le caractère antisémite est caractérisé, on ne serait pas outrancièrement surpris.

Que pense la famille de l'enquête initiale par la police, puisque ce sont finalement ses propres démarches qui remettent en question la thèse du simple accident ?

Dans un premier temps, il est certain que la police n'a pas pris cette affaire suffisamment au sérieux, étant rappelé qu'une plainte a été déposée dès le 17 février, quelques heures après la mort de Jérémy Cohen. Face à une réaction [policière] qui est apparue, aux yeux de la famille, pas totalement dynamique et conforme, deux des frères de Jérémy Cohen ont lancé un appel à témoins fructueux. Courant février, on a un retour à la suite de cet appel à témoins avec la vidéo, avec des textos, avec quelques témoignages. La famille Cohen est de nouveau intervenue auprès du commissariat de Bobigny avec ces éléments, et la quasi certitude que Jérémy a été sauvagement agressé. Dès le mois de février, un des frères de Jérémy a bien insisté auprès des enquêteurs pour qu'il y ait une exploitation des caméras de rue.

"Le démarrage de l'enquête a été à l'évidence très long et lacunaire. Nous espérons que ce retard sera promptement rattrapé et qu'on pourra avoir des investigations."

Franck Serfati, avocat de la famille de Jérémy Cohen

à franceinfo

Regrettez-vous que des candidats à la présidentielle se soient saisis de la mort de Jérémy Cohen, à six jours du premier tour, alors que la famille elle-même s'est tournée vers Éric Zemmour ?

Je ne rentre pas dans ce débat. Ce qui m'intéresse, c'est l'autorité judiciaire. Mon regard n'est tourné que vers le tribunal de Bobigny. Les candidats font ce qu'ils veulent, disent ce qu'ils veulent. Je crois en la séparation des pouvoirs, je crois en justice de notre pays. Je n'ai pas l'impression que le juge d'instruction ait envie de tourner le dos à cette enquête. Tant que je n'ai pas la certitude d'un déni de justice, je crois en la justice et j'espère qu'une enquête va être ouverte et que des investigations vont être diligentées. Nous espérons que les auteurs seront identifiés, appréhendés, jugés. Le reste ne m'intéresse pas.

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