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"Costa Concordia" : le procès de la démesure

En janvier 2012, le "Costa Concordia" s’échouait près de l’île de Giglio, au large de la Toscane, tuant 32 personnes. Le procès de Francesco Schettino, l’ex-commandant du paquebot, seul sur le banc des accusés, s'est ouvert.

Article rédigé par Pauline Hofmann
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le procès de Francesco Schettino, l'ancien commandant du Costa Concordia, s'est ouvert mercredi matin en Toscane (Italie). Le naufrage du bateau de croisière, sur les côtes de l'île de Giglio en janvier 2012, a fait 32 victimes. (TIZIANA FABI / AFP)

Après avoir été reporté d'une semaine, le procès de "l'homme le plus détesté d'Italie", Francesco Schettino, s'est ouvert mercredi 17 juillet. La justice italienne a plusieurs mois pour faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé le 13 janvier 2012, lorsque le Costa Concordia s'est échoué à quelques dizaines de mètres des côtes de l'île de Giglio, au large de la Toscane. Des 4 000 personnes à bord du bateau au moment de la catastrophe, 32 ont trouvé la mort.

Francetv info revient sur les particularités d'un procès hors norme.

Une salle d'audience exceptionnelle

Les magistrats ont pris place, mercredi, sur la scène du Théâtre moderne de Grosseto, en Toscane. Cette fois, ce n'est pas une pièce qui se joue dans l'enceinte de la salle de spectacle, mais un procès qui se déroule hors les murs en raison de la forte affluence attendue.

Il fallait bien, en effet, les 1 000 places du théâtre pour accueillir 250 parties civiles, parmi lesquelles l'Etat italien et l’île de Giglio, ainsi que les 450 témoins. Quelque 300 journalistes ont également obtenu une accréditation pour assister aux audiences. Les avocats, eux, attendent de pouvoir s’exprimer chacun leur tour, sagement assis dans les sièges rouges de la fosse du théâtre.

Un accusé théâtral

La star de ce procès, c’est Francesco Schettino. Ex-commandant du Costa Concordia, il avait abandonné 300 passagers toujours à bord au moment du naufrage, bafouant les règles d'honneur des marins en quittant le navire. La semaine dernière, pour la première audience avortée du procès, il est arrivé sur place bronzé, en costume bleu marine et caché derrière des lunettes de soleil.

Le scénario du "Capitaine couard", comme le surnomme désormais la presse, a bien changé depuis la catastrophe. Il s’est tout d'abord défendu bec et ongles, déclarant avoir été le dernier à quitter le bateau. Par la suite, il a affirmé au cours de l’enquête avoir glissé et être tombé dans un canot de sauvetage. Il n'aurait pas pu remonter à bord selon ses dires, ne voyant pas où se trouvait l’échelle. Aujourd’hui, ses avocats demandent à nouveau de négocier sa peine.

Une réquisition initiale de plusieurs milliers d'années de prison

Seul contre la justice, Francesco Schettino n’a pas bénéficié de la même mansuétude que ses coaccusés. Les juges ont dans un premier temps refusé sa demande de négociation, alors que les cinq autres personnes accusées échangeront directement avec le procureur pour négocier leur peine.  

Le parquet a tout de même calmé ses ardeurs du début de l’enquête. A l’origine, Francesco Schettino risquait 2 681 années de prison : huit ans par passager abandonné, soit 300 personnes toujours à bord lorsque le commandant a quitté le bateau ; huit ans pour chaque personne décédée, soit 32 victimes ; dix ans pour avoir été à l’origine du naufrage ; 15 ans pour "homicides multiples". Le parquet a finalement ramené la peine demandée à 20 ans de prison pour l’ensemble des charges.

Des dizaines de procès à venir

En plus du procès qui s’ouvre mercredi à Grosseto, des dizaines de procédures civiles sont encore en cours. Elles concernent les victimes qui n'ont pas accepté les 11 000 euros de dédommagement proposés par l'entreprise. Pour sa responsabilité dans la catastrophe, Costa Croisières a d’ores et déjà été condamnée à payer un million d’euros d’amende.

La procédure jugée au Théâtre moderne concerne le désastre humain et environnemental du naufrage, et a nécessité douze mois d’enquête. Les investigations ne sont cependant toujours pas closes, puisqu’une troisième enquête a été ouverte au mois de mai, selon le journal régional La Nazione (en italien). Elle concerne les dégâts archéologiques causés par le navire de croisière. En plus d'avoir tué 32 personnes et pollué ce site de plongée sous-marine, le drame aurait également endommagé deux épaves antiques datant de 200 avant J.-C. Il est donc possible que cette enquête-ci aboutisse à un autre procès, venant s'ajouter à la longue liste des actions en justice dans cette affaire.

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