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"Petite martyre de l'A10" : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse après la mise en examen des parents

Le corps mutilé d'Inass, 4 ans, avait été découvert dans un fossé sur le bord de l'autoroute en 1987, mais il a fallu près de 31 ans pour établir son identité : Inass Touloub.

Article rédigé par franceinfo
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Le procureur de la République de Blois (Loir-et-Cher), Frédéric Chevalier, lors d'une conférence de presse le 14 juin 2018. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

La fillette découverte le 11 août 1987 dans un fossé près de l'autoroute A10 à Suèvres (Loir-et-Cher), "a enfin un prénom et un nom" - Inass Touloub -, a annoncé Frédéric Chevalier, procureur de la République de Blois, jeudi 14 juin. Ses deux parents, identifiés après près de 31 ans d'enquête, ont été mis en examen, jeudi, pour "meurtre", "recel de cadavre" et "violence sur mineur", deux jours après leur arrestation. Le procureur a dévoilé de nombreux éléments sur l'identité de la fillette de 4 ans, et sur les déclarations de ses parents qui, en garde à vue, ont tous les deux nié avoir tué leur fille. Franceinfo vous résume ce qu'il faut retenir de ses déclarations, que voici en intégralité.

"Martyre de l'A10" : "Inass Touloub a enfin un nom et un prénom", annonce le procureur de Blois
"Martyre de l'A10" : "Inass Touloub a enfin un nom et un prénom", annonce le procureur de Blois "Martyre de l'A10" : "Inass Touloub a enfin un nom et un prénom", annonce le procureur de Blois

Les deux parents mis en examen

La principale annonce du procureur est la mise en examen des deux parents de la fillette, deux jours après leur placement en garde à vue, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "meurtre", "recel de cadavre" et "violence sur mineur". Le père a été écroué, jeudi, mais la mère comparaissait encore devant le juge de la liberté et de la détention au moment de la conférence de presse. Une nouvelle analyse comparant leur ADN à celui de la fillette "conforte la vraisemblance extrême" qu'elle soit leur fille, a expliqué le procureur.

Inass, troisième d'une fratrie de sept enfants

Inass Touloub, âgée de 4 ans à sa mort, "est née le 3 juillet 1983 à Casablanca au Maroc", a dévoilé le procureur. Elle n'a pas tout de suite vécu avec ses parents, mais "a demeuré 18 mois avec sa grand-mère maternelle" avant de les rejoindre à Puteaux (Hauts-de-Seine). Elle était la troisième - et la troisième fille - d'une fratrie de sept enfants, trois filles et quatre garçons.

La fillette "a eu une existence légale et juridique", a expliqué le procureur : elle a notamment été inscrite sur le livret de famille. Mais elle n'a jamais été scolarisée, même si ses parents l'avaient inscrite dans une école maternelle.

Des parents nés au Maroc et aujourd'hui séparés

Le procureur a aussi éclairci le profil des parents d'Inass. Originaires de Casablanca, au Maroc, ils se sont installés en France en 1982, un an avant la naissance d'Inass, et ont vécu à Vitry (Val-de-Marne), Puteaux (Hauts-de-Seine) puis à Villers-Cotterêts (Aisne), depuis 1987, l'année où le corps a été découvert. 

Le père est aujourd'hui âgé de 66 ans, et la mère de 64 ans. Ils avaient respectivement 35 et 33 ans au moment de la mort de leur fille. Ils vivaient séparément depuis 2010.

Deux versions différentes en garde à vue

Les deux parents d'Inass affirment chacun n'avoir aucune responsabilité dans la mort de leur fille. Aux enquêteurs, le père a expliqué avoir "vécu un enfer avec son épouse", qu'il décrit comme "violente à son égard comme à l'égard des trois filles". Il affirme qu'il n'était pas présent au moment de la mort d'Inass, et qu'il a "constaté le corps sans vie de sa petite fille" en rentrant chez lui, le 10 août 1987. Décrivant son attitude comme "lâche", il affirme avoir fait route vers le Maroc, avec ses autres enfants - alors au nombre de trois - et le cadavre de sa fille, "emmaillotée", qu'il a "abandonnée au bord de l'A10". Le père assure vivre son arrestation comme "un soulagement".

Les déclarations de la mère, elle, ont "évolué", a expliqué le procureur. En garde à vue, elle a assuré "ne plus avoir de souvenirs" et que "sa fille n'était pas décédée". Mais plus tard, lors de sa comparution devant le juge d'instruction, elle a finalement affirmé qu'elle était victime de violences de la part de son mari, et "qu'elle pouvait être également violente à l'égard d'Inass". Elle affirme, cependant, qu'elle "n'est pas impliquée" dans la mort de sa fille.

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