: Vidéo "Affaires sensibles". Procès de la BAC Nord de Marseille : dix ans plus tard, la montagne a accouché d'une souris
Des fonctionnaires de police envoyés en détention provisoire pour corruption, racket, trafic de stupéfiants... La BAC Nord de Marseille et ses flics présumés "ripoux", c'était l'un des plus grands scandales policiers de ces dernières années. Cet extrait du magazine "Affaires sensibles" raconte l'issue de neuf années d'instruction... et une affaire qui s'est largement dégonflée.
C'est une retentissante "affaire sensible"... qui n'est pas encore close, puisque le parquet a fait appel du jugement rendu le 22 avril 2021 par le tribunal correctionnel de Marseille. Pour le moment, cette montagne judiciaire qu'était cette vaste affaire de flics soupçonnés d'être "ripoux" semble avoir accouché d'une souris.
La BAC Nord de Marseille était considérée comme l'une des meilleures de France. Et surtout, au temps de la politique du chiffre initiée par un ministre de l'Intérieur nommé Nicolas Sarkozy, la championne des interpellations : 4 500 par an, et des félicitations en haut lieu. Mais en échange de ces bons résultats, la hiérarchie aurait fermé les yeux sur ses méthodes...
Jusqu'à la chute brutale, le 3 octobre 2012. Les chefs d'accusation à l'encontre d'une vingtaine d'agents de cette Brigade anti-criminalité sont lourds : les fonctionnaires de police sont soupçonnés de racketter les dealers qui opèrent ouvertement dans ces quartiers marseillais déshérités, et de se livrer eux-mêmes au trafic de drogue. Les médias les présentent comme de vulgaires voyous qui auraient extorqué des dizaines de milliers d'euros, le procureur de Marseille les accuse de "se servir sur la bête"... L'IGPN, la police des polices, les place sur écoute pendant des mois... Les "superflics" déchus risquaient la cour d'assises et la réclusion pendant vingt ans.
"Une mauvaise affaire pour tout le monde", "un gâchis humain"
Après neuf ans d'instruction, dix-huit de ces "baqueux" ont finalement comparu pour détention de stupéfiants, vol de cigarettes... et de 540 euros (pour un seul d'entre eux). Aucune trace d'enrichissement personnel n'a été trouvée, aucune accusation de racket en bande organisée n'a été retenue. A l'issue du procès, sept policiers ont été relaxés. Les onze qui se voient condamnés écopent de peines avec sursis. Le verdict satisfait Me Virgile Reynaud, défenseur de cinq prévenus (relaxés) – même s'il reconnaît qu'"ils sont déontologiquement, procéduralement, parfois à côté de la plaque".
Une fois la pression retombée, les principaux acteurs de ce dossier ont accepté de confier leur sentiment à "Affaires sensibles". Le scandale de la BAC Nord, "c'est une mauvaise affaire pour tout le monde", concède le préfet Alain Gardère, qui avait été nommé par Nicolas Sarkozy à Marseille.
Les agents mis en cause et leurs proches sont bien plus amers : pour l'épouse d'un policier qui a très mal vécu sa révocation, certains "ne s'en sont jamais remis". "Dix ans pour en arriver là !" et "un gâchis humain", s'émeut le père d'un fonctionnaire mis en examen pour détention de stupéfiants (il aurait rémunéré son indic avec du cannabis récupéré lors d'autres interpellations, une pratique illégale mais alors semble-t-il tolérée). Dix ans plus tard, en septembre 2022, douze policiers doivent repasser devant les juges...
Extrait de "Bac Nord : la vraie histoire du scandale policier", une enquête de Linda Bendali / Capa Presse à revoir dans "Affaires sensibles", un magazine présenté par Fabrice Drouelle et coproduit par France Télévisions, France Inter et l’INA d'après l'émission originale de France Inter.
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