Fichier balistique et "cyberpatrouilles" : Bernard Cazeneuve présente son plan de lutte contre le trafic d'armes
Le ministre de l'Intérieur prévoit vingt mesures pour permettre aux enquêteurs d'infiltrer les réseaux de trafiquants et pour inciter les citoyens à déposer les armes non déclarées.
Bernard Cazeneuve doit dévoiler, vendredi 13 novembre, un plan en vingt mesures pour lutter contre le trafic d'armes. Annoncé mi-septembre après une nouvelle fusillade à Marseille, il doit permettre aux enquêteurs d'infiltrer les réseaux de trafiquants et inciter les citoyens à déposer les armes non déclarées.
"Notre pays déplore 1 800 décès par arme à feu chaque année", rappelle le ministère de l'Intérieur en préambule du plan, consulté par l'AFP. Quelque 5 300 armes ont en outre été saisies en France en 2014, "dont près de 175 armes de guerre" telles des kalachnikovs.
Des "cyberpatrouilles" sur internet
Le plan du gouvernement pour lutter contre cet important trafic est divisé en cinq volets. Le premier vise à "renforcer la connaissance des filières" avec un outil statistique et de meilleures collectes du renseignement et formation des policiers, gendarmes et agents des préfectures.
L'action ciblée des services de police doit être renforcée afin de "déstabiliser les filières". Les forces de l'ordre enquêteront ainsi sous pseudonyme sur internet, grâce à des "cyberpatrouilles". Les axes routiers empruntés par les filières dans les zones portuaires – comme Marseille – et aéroportuaires seront particulièrement visés.
La technique du "coup d'achat" étendue
La technique dite du "coup d'achat", qui consiste pour les enquêteurs à jouer le rôle d'un acheteur potentiel, sera étendue au trafic d'armes. Les forces de l'ordre pourront ainsi utiliser les mêmes techniques d'infiltration que dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Le nouveau fichier national d'identification balistique, opérationnel en 2016, permettra des comparaisons plus efficaces, espère le ministre. Les systèmes répertoriant les armes trouvées dans le cadre d'affaires judiciaires seront unifiés pour faciliter les recoupements.
Inviter les citoyens à déposer les armes illégales
Bernard Cazeneuve prévoit par ailleurs de "développer des actions de contrôle ciblées dans les quartiers sensibles". Les forces de l'ordre devront pour cela "définir une stratégie de visites des parties communes" ou des "locaux inoccupés" avec des chiens spécialisés.
La "coopération" au niveau européen sera en outre renforcée. Une unité spéciale doit être créée dans les Balkans pour détecter les Français qui s'y approvisionnent en armement.
Une invitation aux "citoyens" à restituer aux forces de l'ordre leurs "armes irrégulièrement détenues" est enfin envisagée dans le dernier volet. Une initiative similaire avait été prise aux Antilles, en 2013 et en 2014, après une série de fusillades.
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