Ce que l'on sait du passage à tabac d'un prévenu filmé au palais de justice de Paris
Le policier a été suspendu et placé en garde à vue. Mais dans quel contexte s'est déroulée la scène filmée au tribunal de grande instance de Paris ? Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce passage à tabac.
Un passage à tabac en plein tribunal. Le site Là-bas si j'y suis a diffusé, jeudi 12 juillet, une vidéo montrant un policier en train de frapper violemment un détenu menotté dans l'enceinte du tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Peu après la publication des images, issue de la vidéosurveillance du tribunal, le ministère de l'Intérieur a annoncé la suspension du policier et son placement en garde à vue.
Vidéo tournée dans l’enceinte du Tribunal de Grande Instance de Paris : je condamne avec la plus grande fermeté ce comportement inadmissible qui vient nuire à l’image de l’ensemble des forces de sécurité.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 12 juillet 2018
Le fonctionnaire a été suspendu immédiatement. Une enquête est en cours.
Dans quel contexte s'est déroulée la scène ? Comment la vidéo a-t-elle fuité ? Qui est le policier ? Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce passage à tabac.
Que montre la vidéo ?
Les faits se sont déroulés le 9 juin, selon le site Là-bas si j'y suis, ce qu'a confirmé à l'AFP une source proche de l'enquête. Sur la vidéo, qui dure près de 6 minutes et qui n'a pas de son, on voit d'abord un détenu sortir des toilettes avant de visiblement refuser de rentrer dans sa cellule. Le policier tente de le maîtriser et, après une lutte au sol, parvient à lui passer les menottes dans le dos. Il le ramène ensuite violemment jusque dans sa cellule, avant de lui asséner des coups de pied et des coups de poing. Deux autres policiers arrivent alors devant la cellule et éloignent le policier qui, à plusieurs reprises, semble revenir à la charge en pointant son doigt vers le détenu.
D'où viennent ces images ?
La vidéo a été diffusée jeudi 12 juillet par le site Là-bas si j'y suis, créé en 2015 après l'arrêt de l'émission éponyme diffusée sur France Inter et présentée par Daniel Mermet. "L’émission se développe aujourd’hui avec succès sur le net, en radio toujours, mais aussi en vidéo, en images et en textes", explique-t-on sur le site.
Ces images sont issues de la vidéosurveillance du tribunal de grande instance de Paris, qui a récemment déménagé dans le 17e arrondissement de la capitale. Là-bas si j'y suis affirme s'être procuré la vidéo auprès d'un policier "affecté au tribunal de grande instance de Paris qui a voulu dénoncer (...) l’intervention violente d’un de ses collègues". Le site affirme, par ailleurs, que le policier auteur des coups aurait lui-même fait circuler ces images dans un groupe de discussion interne aux policiers pour se vanter de ses actes.
Qui est le policier ? Et le détenu ?
• Le policier. Présenté comme s'appelant Jules F. par le site Là-bas si j'y suis, le gardien de la paix est stagiaire dans l'enceinte du tribunal de grande instance de Paris, d'après le ministère de l'Intérieur. Aucun autre élément sur le profil du policier n'est connu. Après la diffusion de la vidéo, jeudi, il a été suspendu et placé en garde à vue. Le parquet de Paris a annoncé, vendredi soir, la prolongation de la garde à vue.
• Le détenu. Une source proche du dossier indique à franceinfo que l'homme qui a reçu les coups n'est pas un migrant, contrairement à ce qu'indique le site Là-bas si j'y suis. Il s'agirait en réalité d'un homme qui attendait d'être jugé en comparution immédiate pour vol.
Quelles sont les suites ?
• Le policier a été suspendu et placé en garde à vue. "Le ministre d'Etat condamne avec la plus grande fermeté ce comportement inadmissible qui vient nuire à l'image de l'ensemble des forces de sécurité, a affirmé le ministère de l'Intérieur. Par conséquent, il a immédiatement décidé de la suspension, à titre conservatoire, du fonctionnaire en cause, dans l'attente des conclusions des enquêtes judiciaires et administratives."
• Une enquête pour "violences par dépositaire de l'autorité publique" mais également pour "faux" ouverte. Selon nos informations, cette qualification de "faux" vise la façon dont cet incident a été relaté, sans remettre en cause la séquence vidéo elle-même. Contacté par franceinfo, le parquet de Paris indique avoir confié l'enquête à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.
• Une enquête pour "introduction frauduleuse dans un système automatisé de données" ouverte. Cette procédure, également confiée à l'IGPN, est liée au fait d'avoir extrait et diffusé les images de vidéosurveillance.
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