Fronde des policiers : ce qu'il faut retenir de la rencontre entre Gérald Darmanin et les syndicats
Gérald Darmanin sort du silence. Le ministre de l'Intérieur a pris la parole, jeudi 27 juillet, pour la première fois depuis le début de la fronde policière. Il a assuré comprendre la "colère" des policiers qui se mettent en activité réduite ou en arrêt maladie pour contester la détention provisoire d'un agent de la BAC marseillaise pour "violences aggravées" contre un jeune homme.
Le ministre a reçu les organisations syndicales place Beauvau, accompagné du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et du directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux. Plus tôt dans la soirée, il a d'ailleurs défendu les propos polémiques de ce dernier, qui avait estimé qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison".
A la sortie de cette réunion, les syndicats ont exprimé leur satisfaction globale quant au discours de Gérald Darmanin. "On a le sentiment que notre ministre est en soutien des forces de l'ordre", a déclaré devant la presse Olivier Varlet, secrétaire général du syndicat Unsa Police. Détention provisoire, protection fonctionnelle, anonymisation... Plusieurs revendications des policiers ont été abordées lors de cette réunion.
Régime particulier de détention provisoire
Selon les représentants syndicaux, Gérald Darmanin s'est "engagé à avoir des pistes de réflexion sur la détention provisoire des policiers". Il s'agit là du nerf de la guerre : le déclencheur du mouvement des policiers a justement été l'incarcération d'un collègue marseillais, soupçonné d'avoir roué de coups le jeune Hedi avec trois autres collègues, dans la nuit du 1er au 2 juillet, au moment des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine).
"Il ne voit pas d'inconvénients en tout cas à travailler sur l'article 144 du Code de procédure pénale, qui concerne la détention provisoire, afin qu'on mette une clause et que notamment les forces de l'ordre soient exclues de ce dispositif, dans l'exercice de leur mission bien évidemment", a relaté Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance. "Le ministre s'est dit ouvert sur le sujet (...), même si c'est un sujet sur lequel il ne peut pas peser tout seul, a aussi rapporté jeudi soir sur franceinfo David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SNCP). Le ministre n'a donné aucune promesse, mais s'est dit ouvert à y réfléchir."
Renforcement de la protection fonctionnelle
Le ministre de l'Intérieur s'est également dit prêt à ouvrir "un chantier du renforcement de la protection fonctionnelle", c'est-à-dire "la protection qui est due au policier et à sa famille quand il est mis en cause dans le cadre d'une action de police", a déclaré David Le Bars.
"La protection fonctionnelle est un grand pas parce qu'un collègue aura enfin ses frais d'avocat payés. Enfin, il aura son salaire entièrement payé", a réagi Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO. Aujourd'hui, "c'est très compliqué de faire déclencher la protection fonctionnelle qui doit s'appliquer à tous les fonctionnaires", a justifié Jean-Christophe Couvy, secrétaire national d'Unité-SGP Police FO sur franceinfo vendredi. Selon le syndicaliste, "un guichet unique" pour simplifier les demandes des policiers concernés doit être prochainement mis en place. "Au 15 septembre", a-t-il assuré.
La réunion avec les syndicats a aussi été l'occasion d'évoquer la potentielle création de "juridictions spécialisées pour traiter des affaires de police" et la possibilité d'une "anonymisation des policiers quand ils écrivent des procès-verbaux", s'est satisfait David Le Bars.
Appel à "reprendre le travail"
Pour finir, Gérald Darmanin a exhorté les fonctionnaires à "reprendre le travail" car, selon lui, "le mouvement met en difficulté les plus fragiles", a appris franceinfo de sources concordantes. Les protestations, qui se manifestent principalement par des mises en "code 562" (impliquant un service minimum assuré dans les unités) et par des arrêts maladie, sont difficilement quantifiables. Cependant, le nombre de défèrements devant la justice a été réduit de moitié à Paris ces deux derniers jours, en raison du mouvement de protestation, a appris jeudi franceinfo de source judiciaire.
Gérald Darmanin a par ailleurs donné, pour la première fois, un chiffre national permettant de mesurer la participation des policiers à ces actions. "Moins de 5%" s'étaient "mis en arrêt maladie ou ont refusé d'aller au travail", en signe de protestation, a-t-il glissé. Son appel au calme sera-t-il entendu par les syndicats ? "Le syndicalisme, c'est d'abord consulter la base", a rappelé Jean-Christophe Couvy.
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