Policiers jugés pour des blessures au Flash-Ball : "Des tirs sans sommation", accuse Joachim qui a perdu un œil
Trois policiers sont jugés à partir de lundi à Bobigny (Seine-Saint-Denis), poursuivis pour avoir blessé six personnes au Flash-Ball en 2009 à Montreuil. Joachim Gatti, qui a perdu son œil droit, témoigne sur franceinfo.
Poursuivis pour violences volontaires, trois policiers de Seine-Saint Denis comparaissent à partir du lundi 21 novembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des blessures infligées à six personnes par des tirs de Flash-Ball. L'affaire remonte au 8 juillet 2009, à Montreuil. Ce jour-là, des effectifs de la Brigade anti-criminalité (BAC) et de la sécurité de proximité interviennent là où sont rassemblés une cinquantaine de manifestants contre l'évacuation d'un squat associatif.
✔ flashball / les policiers utilisaient le flashball Superpro - projectile en gomme de la taille d'une balle de golf - vitesse ? un TGV. pic.twitter.com/yhFDMFPEoP
— Pair Stéphane (@pairIDF) November 21, 2016
Pas de légitime défense, d'après l'enquête
"Les policiers sont arrivés avec beaucoup de calme et de détermination", raconte Joachim Gatti, l'un des manifestants. Gravement blessé, il a perdu son œil droit lors de cette intervention. "Les policiers sont sortis de leur voiture, poursuit-il. Ils se sont équipés de leurs Flash-Balls. Ils se sont alignés. Et ils nous ont tiré dessus. Sans sommation. Sans rien."
Moi j'ai reçu le tir dans l'œil. J'ai eu l'œil crevé. Et je l'ai perdu.
"Le fait d'être mutilé, c'est une petite mort", estime Joachim Gatti, sept ans après les faits. Comme trois autres manifestants, il a déposé plainte et s'est porté partie civile. Quant aux policiers, ils affirment que les victimes n'ont pas été blessées par des tirs de Flash-Ball, mais par des tirs de mortiers, des engins explosifs utilisés par les manifestants.
"Quand vous êtes blessés par la police, c'est un combat énorme pour arriver à avoir un procès, souligne Joachim Gatti. Vous avez presque à vous justifier d'avoir été mutilé. Heureusement, des témoins objectifs étaient présents." Des témoins, dont les déclarations balayent la thèse de la légitime défense, ce qu'ont confirmé l'enquête et l'expertise judiciaire.
Si ça avait été notre parole contre la parole policière, il n'y aurait pas eu de procès
S'attaquer à "la violence policière, qui se perpétue" : c'est l'objectif de Joachim Gatti dans ce procès, qui doit durer jusqu'à vendredi.
✔ flashball / le principal policier incriminé risque 10 ans et 150.000 € d'amende - l'affaire devait initialement passer aux assises
— Pair Stéphane (@pairIDF) November 21, 2016
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