Refus d'obtempérer à Paris : le témoignage de la passagère "n'est pas conforme aux éléments objectifs du dossier", assure l'avocat des policiers
"Il y a certains points sur lesquels cette femme se trompe", affirme Laurent-Franck Liénard à propos du témoignage d'Inès, passagère de la voiture visée par des tirs de policiers samedi entraînant la mort d'une jeune femme.
Pour Laurent-Franck Liénard, avocat de trois policiers qui ont tiré sur les occupants d'une voiture samedi 4 juin à Paris, interrogé mercredi 8 juin sur franceinfo, le témoignage exclusif de la passagère recueilli par franceinfo "n'est pas conforme aux éléments objectifs du dossier". Pour lui, "il y a certains points sur lesquels cette femme se trompe". De son côté, Inès, la passagère arrière de la voiture visée par les policiers se dit "en colère" et estime que les policiers "auraient pu agir autrement".
franceinfo : Inès, la passagère arrière du véhicule assure que le véhicule était à l'arrêt quand les policiers ont tiré. Quelle est votre réaction à son témoignage ?
Laurent-Franck Liénard : Plusieurs réactions d'abord. Evidemment, c'est une victime. Cette femme, comme la jeune femme qui a été tuée. Et évidemment, elles sont victimes de ce conducteur qui a pris tous les risques, qui a pris sa décision. Et là, je la rejoins parfaitement, aussi sur l'émotion et sur le fait que la mort de cette jeune femme est dramatique. Après, évidemment, je ne la rejoins pas sur sa version des faits.
Sur quels points précisément ?
On en parlera devant un juge d'instruction. Je peux vous dire que ce que j'ai entendu dans le témoignage n'est pas conforme aux éléments objectifs du dossier. Et donc, il y a certains points sur lesquels cette femme se trompe. Ou alors elle présente une version mensongère portée par l'émotion certainement. Nous en discuterons dans le cadre du débat judiciaire.
Lorsqu'elle dit, par exemple, que la voiture était à l'arrêt lorsque les tirs ont eu lieu, est-ce qu'elle se trompe ?
Oui, évidemment, mais vous savez, il ne faut pas substituer le débat médiatique au débat judiciaire. Il y a une instruction en cours. Les éléments vraiment objectifs, les éléments précis de ce dossier ressortent du secret de l'instruction.
Les vidéos de bus de la RATP et de la vidéosurveillance confirment pour vous la version de vos clients ?
Evidemment, sinon mes clients auraient été placés sous un statut procédural. Ils auraient été mis en examen et ils auraient été placés sous contrôle judiciaire. S'ils sont sortis libres de garde à vue, c'est parce qu'au stade de l'enquête, il apparaît que leurs déclarations sont conformes à tous les éléments objectifs et notamment à ces vidéos. Ces vidéos dans lesquelles on entend parfaitement les injonctions et les sommations.
Contrairement à ce que laisse entendre cette jeune femme qui dit qu'elle ne les a pas entendues ?
Exactement. Donc, il y a énormément d'éléments qui ressortent de l'enquête et qui viennent en contradiction de ce que cette jeune femme dit. Alors je comprends que cette jeune femme soit portée par l'émotion. Je comprends sa colère. Mais ça n'est pas le moment de discuter de tout ça. Le moment de discuter de tout ça, c'est quand on sera devant un juge.
Vous avez dit que les trois policiers qui sont âgés de 23 à 32 ans, ont tiré samedi pour la première fois de leur carrière. Est-ce que ça veut dire que vous considérez que la profession n'est pas assez préparée et assez formée pour ce genre de situation ?
Ils ont tiré pour la première fois de leur carrière sur la voie publique, évidemment parce qu'ils ont tiré aussi au stand de tir. Évidemment, ils ont leurs trois tirs annuels, donc trois fois par an. Ils tirent 30 cartouches, deux chargeurs. En revanche, il est certain que la honte de notre pays, c'est la formation des policiers. Est-ce que vous vous laisseriez opérer par un chirurgien qui opère trois fois dans l'année ? Non, évidemment. Donc, le fait de porter une arme, c'est terriblement dangereux. C'est une très lourde responsabilité. Et l'État ne met pas en place la formation continue qu'il faudrait de manière à assumer cette responsabilité. Et elle lance sur la voie publique des jeunes gens qui sont porteurs d'une arme létale et qui ne sont évidemment pas assez formés à l'utilisation de cette arme. Mais maintenant, ça n'enlève rien à la légitimité des tirs de mes clients.
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