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Violences policières : "On subit un 'police bashing' depuis plus de deux ans", affirme un syndicat de police

"On est dans un contexte où les forces de l'ordre sont utilisées exclusivement sur un volet répressif, on oublie qu'il y a un aspect préventif, le côté secours", explique David Le Bars, du syndicat des commissaires de la police nationale.

Article rédigé par franceinfo
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David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On subit un 'police bashing', depuis plus de deux ans, malheureusement, parce qu'on est dans un contexte où les forces de l'ordre sont utilisées exclusivement sur un volet répressif" lors des manifestations, analyse le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale David Le Bars, jeudi 11 juin sur franceinfo, alors que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner reçoit les syndicats de police.

franceinfo : Le gouvernement veut abandonner la méthode d'interpellation dite de "l'étranglement". Quelles sont les autres solutions pour améliorer les techniques d'interpellation ?

David Le Bars : D'abord, il peut y avoir de la confiance. Je rappelle quand même que dans cette société, l'ennemi pour le citoyen, ça n'est pas le policier. Malgré les polémiques, malgré les erreurs qui ont pu être commises, l'ennemi, c'est le délinquant, c'est le criminel, c'est celui qui empêche les autres de vivre en paix. Et celui qui lutte contre l'ennemi, c'est le policier. (…) On subit un "police bashing", depuis plus de deux ans, malheureusement, parce qu'on est dans un contexte où les forces de l'ordre sont utilisées exclusivement sur un volet répressif.

Les manifestations des "gilets jaunes", les manifestations contre la loi retraites, le contrôle du coronavirus et cette position-là, d'une police nationale qui est utilisée sur ce volet répressif, et finalement, on oublie qu'il y a un aspect préventif, le côté secours. On a besoin qu'une police citoyenne puisse se remettre en place. Et là, c'est tout le sujet de la réforme de la police nationale qu'on a appelée de nos vœux. Et on attend le "Livre blanc" de la sécurité intérieure avec impatience.

Niez-vous qu'il y ait du racisme dans la police ?

Personne ne nie qu'il y a un problème de racisme dans la société française et la police nationale n'y échappe pas. Je vais vous donner un exemple qui me rassure, c'est que si 8 000 policiers se sont inscrits sur un groupe Facebook pour aller tenir des propos inacceptables, ils ont aussi dit qu'ils le faisaient sur Facebook, parce qu'ils n'avaient pas leur hiérarchie sur le dos. Cela prouve quand même qu'ils sont allés se cacher pour s'inscrire sur ce site et ça démontre que la hiérarchie au quotidien et les services de police au quotidien n'acceptent pas ce type de propos.

On a en interne une autorégulation. À chaque fait, à chaque signalement, un chef de service ouvre une enquête. Que ces enquêtes aboutissent ou pas, c'est un autre sujet. On a sans doute beaucoup de choses à améliorer. Il y a des sujets sur l'IGPN, sur la vitesse de la justice, sur l'exécution des enquêtes qui fait qu'on doit sortir de ce sentiment d'impunité. J'en appelle à tous les policiers qui travaillent dans les services, s'ils sont victimes de ces faits-là, ils doivent le faire remonter à leur hiérarchie qui ne laissera jamais passer ce type de faits.

Que pensez-vous de l'annonce du ministre de l'Intérieur, disant que les policiers seront suspendus "en cas de soupçon avéré" de racisme ?

Je ne comprends pas cette annonce. Un soupçon avéré, ça ne veut rien dire. Soit il y a soupçon et il y a enquête, soit il y a faute et il y a sanction. Mais on ne peut sanctionner sur un soupçon. Il faut malgré tout garder des droits de la défense. Le policier doit s'expliquer. Il doit y avoir des preuves intangibles pour sanctionner. Si elles existent, ces sanctions seront intraitables.

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