Affaire Chouviat : le terme d'"étranglement arrière" "importe peu", "ce qui compte c'est de savoir pourquoi il est décédé", estime l'avocat de deux policiers
Laurent-Franck Liénard, l'avocat d'un policier mis en examen dans l'enquête sur la mort de Cédric Chouviat, et d'une policière placée sous le statut de témoin assisté, assure sur franceinfo jeudi que ses clients sont favorables à une reconstitution parce qu'ils "ne comprennent toujours pas" ce qui s'est passé.
"La sémantique a peu d'intérêt, ce qui compte c'est de savoir ce qui a été fait sur M. Chouviat et surtout pourquoi il est décédé", déclare jeudi 23 juillet sur franceinfo Laurent-Franck Liénard, l'avocat d'un policier mis en examen dans l'enquête sur la mort de Cédric Chouviat et d'une policière placée sous le statut de témoin assisté. Cédric Chouviat, livreur à scooter de 42 ans est mort à la suite d'un contrôle routier qui a dégénéré. Selon un rapport d'expertise, il avait crié à sept reprises "j'étouffe" aux fonctionnaires qui l'interpellaient quai Branly à Paris, le 3 janvier 2020.
L'IGPN estime que l'un des policiers a pratiqué un "étranglement arrière" sur le livreur
Dans une synthèse que franceinfo a pu consulter, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) estime que l'un des policiers a pratiqué un "étranglement arrière" sur le livreur peu avant son asphyxie, lors de son interpellation en janvier 2020 à Paris, confirmant des informations de Mediapart et Libération. "Des enquêteurs de l'IGPN ont décrit la manœuvre pratiquée par un policier comme étant un étranglement arrière. Peu importe le terme que l'on utilise, déclare l'avocat. Lui parle de contrôle de tête : il s'agit donc de prendre quelqu'un par l'arrière et de l'amener au sol avec une manœuvre qui peut être sur la tête, sur le cou ou au niveau du des épaules ou du torse", précise l'avocat.
"J'étouffe" : l'avocat assure que "bien évidemment" ses clients "ne l'ont pas entendu"
Me Liénard assure que ses clients sont favorables à une reconstitution, parce qu'ils "ne comprennent toujours pas" ce qui s'est passé. "Quand ils ont menotté M. Chouviat, ils ont découvert qu'il avait fait un malaise. Ils ne savent pas pourquoi et ils n'ont qu'une envie, c'est que la vérité éclate", affirme l'avocat.
Interrogé sur le fait que Cédric Chouviat ait prononcé "J'étouffe" à sept reprises, l'avocat assure que "bien évidemment" ses clients "ne l'ont pas entendu". "Ils avaient à interpeller un individu qui était en lutte, qui tentait de se soustraire à ce menottage. Ils étaient en train de lutter contre M. Chouviat. Ils n'ont jamais entendu qu'il était en détresse", poursuit-il, en indiquant que les derniers mots du livreur étaient "tu vas voir". "Ce n'est pas indifférent. Cela montre que M. Chouviat était en lutte", insiste Me Liénard, qui considère que "le traitement médiatique de cette affaire est totalement malhonnête".
Trois minutes entre le moment où l'équipage s'aperçoit du malaise et le début du massage cardiaque, selon l'IGPN
Selon la synthèse de l'IGPN, trois minutes se sont écoulées entre le moment où l'équipage s'aperçoit du malaise de Cédric Chouviat et le début du massage cardiaque. Laurent-Franck Lienard explique que les policiers ont eu "beaucoup de mal" à enlever le casque du livreur "qui était très serré" avant de pouvoir lui ôter son blouson de moto. "L'un des policiers est totalement en état de choc, il est perdu", souligne l'avocat en évoquant les vidéos de la scène.
C'est le compagnon de la policière placée sous le statut de témoin assisté, lui-même policier à la Bac du 7e arrondissement dépêchée sur place, qui a rédigé le premier rapport. Pour Laurent-Franck Liénard, il s'agit d'une "fausse polémique". "Il fait un compte-rendu totalement erroné parce qu'il n'a pas participé aux opérations d'interpellation", reconnaît l'avocat, mais s'il a fait ce compte-rendu, c'est "parce que lui est clair" et "les autres sont en état de choc" : "ils ont un homme dont les pompiers viennent de dire qu'il ne s'en sortira pas. Et pour eux, c'est la fin du monde".
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