Des policiers de la Brav-M devant la justice pour des violences en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites en 2023

Un enregistrement sonore rendu public révélait des intimidations et des insultes de fonctionnaires de cette brigade motorisée à l'égard de manifestants à Paris, dont un jeune homme noir.
Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des membres de la Brav-M à Paris, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 20 mars 2023. (SAMUEL BOIVIN / NURPHOTO / AFP)

Des policiers de la Brav-M devant la justice. Deux fonctionnaires des brigades de répression de l'action violente motorisées, qui dépendent de la préfecture de police de Paris, doivent comparaître pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique" et "menaces de violences", jeudi 5 septembre, à partir de 13 heures, devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

L'audience, initialement prévue le 7 mars, avait été renvoyée pour "communication de copie incomplète". Le procès pourrait être de nouveau reporté, selon le parquet de Bobigny, si le tribunal décide de joindre à cette affaire le cas d'autres policiers de la Brav-M également mis en cause.

Les faits remontent au 20 mars 2023, en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris. Un groupe de sept personnes est interpellé, sans qu'il soit permis d'établir leur participation à la manifestation ou à des dégradations commises à proximité. Dans un enregistrement sonore de 23 minutes, que franceinfo avait pu consulter, on entend les fonctionnaires tenir des propos injurieux et menacer les personnes interpellées. "T'as jamais travaillé et tu manifestes contre la réforme des retraites ?" ,"Ta vie ne tient qu'à un fil", lancent notamment deux d'entre eux à une "étudiante", prénommée Salomé. A ses côtés, Souleyman, étudiant tchadien et seul jeune homme noir du groupe, est particulièrement maltraité. Il reçoit insultes et commentaires humiliants.

D'autres policiers cités à comparaître

Le lendemain de la diffusion de l'enregistrement sonore, le préfet de police de Paris saisit l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui mène l'enquête. Dix policiers présents au moment des faits sont identifiés, selon le rapport de l'IGPN consulté par franceinfo. La plupart reconnaissent des propos "déplacés" ou "maladroits", mais nient tout "caractère sexiste, raciste ou antisémite". Certains présentent des excuses. Quatre mois après les faits, le parquet de Bobigny ordonne le renvoi devant la justice de deux policiers parmi les dix.

L'avocat de Souleyman et Salomé juge ces poursuites trop "restreintes". Il a donc déposé, au nom de ses clients, des citations directes concernant davantage de fonctionnaires de la Brav-M. Selon Arié Alimi, les motifs de citation à comparaître devant le tribunal sont désormais élargis, et concernent des violences à caractère racial et des faits d'agression sexuelle dénoncés par les victimes pendant les palpations. De plus, Souleyman n'est plus la seule personne considérée comme victime : Salomé l'est aussi, alors que sa plainte avait initialement été classée sans suite par le parquet. Tous les deux assurent à franceinfo qu'ils seront présents à l'audience jeudi.

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