Désintox. Violences policières : attention aux chiffres

Alors qu’Emmanuel Macron a demandé à son ministre de l’intérieur de se pencher sur les violences policières, les internautes se livrent à de macabres batailles de chiffres. Les uns dénonçant le nombre de victimes des forces de l'ordre, les autres le nombre de décès de policiers ou de gendarmes chaque année. Certains comparent même les deux chiffres.

Mais ces statistiques doivent être regardées avec attention. De nombreux internautes assurent par exemple que plus de 20 personnes meurent chaque année du fait des forces de l'ordre. Une enquête du média indépendant Bastamag en compte effectivement 26 en 2019. Mais cette liste agrège aussi Mickaël Harpon, auteur de l'attentat de la préfecture, tué après avoir assassiné quatre fonctionnaires de police, ou un couple de retraités morts d'un accident de voiture causé par un gendarme ivre, hors service.

Bref, des cas incomparables. Il en va de même pour les forces de l'ordre tuées. On lit beaucoup, ces jours-ci, que 25 policiers et gendarmes ont été tués en 2018. Le chiffre provient de l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Or la moitié des décès survenus l'ont été non pas en mission, mais en service. C’est-à-dire durant le temps de travail mais pas pendant une opération de police. Il peut s'agir de décès en formation, lors d'exercices sportifs, ou plus souvent d'accidents de voiture sur les trajets domicile-travail.

Il faut, là aussi, se méfier des chiffres globaux, qui recoupent des réalités tellement diverses qu'ils en perdent toute signification.

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