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L'abandon de certaines techniques d'interpellation "est un bon début, on en espère autant pour le plaquage ventral", dit la veuve de Cédric Chouviat

Invité lundi 8 juin sur franceinfo, Doria Chouviat espère que Christophe Castaner "ne tardera pas à se prononcer également sur la suspension des quatre policiers" qui ont interpellé son mari en janvier dernier.

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Doria Chouviat, la veuve de Cédric Chouviat, lors d'une marche en sa mémoire, le 12 janvier 2020 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

En annonçant l'abandon de certaines techniques d'interpellation, Christophe Castaner "a l'air d'avoir pris conscience du danger de ces prises qui étaient utilisées un peu à tort et à travers et difficilement maîtrisables, très dangereuses", a estimé lundi 8 juin sur franceinfo Doria Chouviat, veuve de Cédric Chouviat, mort après une interpellation violente par des policiers à Paris le 3 janvier 2020. "On en espère autant pour le plaquage ventral", a-t-elle ajouté. La famille Chouviat a par ailleurs écrit au ministre pour réclamer "la suspension dans l'urgence des quatre policiers" impliqués dans l'arrestation du père de famille, sans attendre les conclusions de l'enquête.

franceinfo : Le ministre de l'Intérieur a annoncé l'abandon des techniques d'étranglement lors d'une interpellation et de l'appui sur le cou pour maintenir un suspect au sol, mais pas l'interdiction du plaquage ventral. Comment réagissez-vous ?

Doria Chouviat : Malheureusement l'un ne va pas sans l'autre, mais c'est quand même un soulagement, c'est une avancée. Christophe Castaner a affronté la réalité. Le déni, le mépris, ça ne fait pas avancer les choses, c'est contre-productif. Il m'a l'air sincère, il a l'air d'avoir pris conscience du danger de ces prises qui étaient utilisées un peu à tort et à travers et difficilement maîtrisables, très dangereuses. Avec ma famille et tous les gens qui m'entourent, on a fait les frais de cette prise. C'était vraiment une priorité. C'est déjà un bon début et on espère qu'il en fera autant pour le plaquage ventral et surtout, qu'il ne tardera pas à se prononcer également sur la suspension des quatre policiers, parce que c'est frustrant pour nous.

Vos avocats ont d'ailleurs envoyé lundi 8 juin un courrier au ministre de l'Intérieur pour lui demander cette suspension des quatre fonctionnaires de police qui ont participé à l'arrestation de votre mari.

Oui, c'est inadmissible, je comprends le secret de l'instruction, je veux bien digérer, je fais toujours confiance à la justice, mais c'est long. En attendant, on a des vidéos, on a une autopsie quand même, avec une fracture du larynx. Mon mari n'est pas sorti de la maison avec une fracture du larynx. Donc, quand le ministre parle de faits avérés, là il y a des faits avérés. Je ne comprends pas comment quatre individus qui sont mêlés de près à la mort de mon époux suite à une intervention sont toujours en fonction. C'est quelque chose d'inadmissible.

Pour vous, il faut l'application de l'exemplarité et de la sanction immédiate évoquées par le ministre ?

C'est bien de prendre le temps de faire une enquête, je suis pour que la vérité éclate et qu'elle ne soit pas contredite. Ceci dit, il y a quatre individus qui s'avèrent dangereux, quatre soi-disant 'gardiens de la paix' qui sont là pour nous protéger, et en fin de compte, ils ont exécuté mon mari, ils l'ont assassiné sur place, en pleine rue, près de la tour Eiffel, pour un contrôle banal de scooter, pour une plaque d'immatriculation un peu sale. 

Ces quatre individus sont indignes de faire partie de la police. Dans l'urgence, ils auraient dû au moins être suspendus.

Doria Chouviat, veuve de Cédric Chouviat

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Et pour ce qui est des sanctions, il doit y avoir une enquête et on fait confiance à la justice. Mais dans l'urgence, je ne comprends pas pourquoi ça n'a toujours pas été fait. Je ne comprends pas pourquoi le préfet ne s'est pas indigné, pourquoi le ministre ne s'est pas indigné, pourquoi les personnes qui ont le pouvoir de faire quelque chose ne l'ont pas fait.

Quel regard portez-vous sur la mobilisation de ces derniers jours, ces manifestations contre les violences policières ?

Je n'ai pas été présente, mais le cœur y était. Je pense que c'est normal, les gens doivent se mobiliser d'une manière ou d'une autre pour exprimer leur mécontentement et leur désir de changement. Donc, c'est pour l'intérêt collectif. Unis, je pense qu'on pourra faire pas mal de choses. Je pense qu'on est bien parti et qu'il était vraiment temps.

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