Un policier soupçonné d’avoir blessé une de ses collègues en lui faisant une clé d’étranglement, deux enquêtes ouvertes
Une policière a annoncé son intention de porter plainte contre un de ses collègues qui a pratiqué sur elle une prise d'étranglement.
Un fonctionnaire de la police aux frontières est soupçonné d’avoir blessé une policière de l’unité nationale d’escorte, de soutien et d’intervention (Unesi) lors d'une patrouille commune dans un TER en direction de la gare de Lyon, en l’immobilisant et en lui serrant le cou, a appris vendredi 26 juin franceinfo de sources concordantes, confirmant une information du journal Le Parisien. Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Bobigny et une autre enquête, administrative, est en cours et menée par l’IGPN. En attendant ses conclusions, le policier mis en cause a été désarmé et n’est plus en contact avec le public.La policière s’est vue prescrire 10 jours d’ITT, a appris franceinfo de source judiciaire.
Les faits se sont produits vendredi dernier, dans un TER, lors d'une mission de patrouille à laquelle participaient plusieurs agents issus de services différents. Au retour, deux policiers de l’Unesi s’installent à l’avant du train, à l’écart des voyageurs, et sont rejoints par deux collègues de la police aux frontières d’Orly. La discussion s’engage, les policiers parlent de leur travail et des techniques permettant de maîtriser un individu, en plein débat national sur ces questions.
La policière de l’Unesi est en effet affectée habituellement aux missions de reconduite aux frontières. Elle évoque les différents moyens qu’emploient les policiers pour faire face aux récalcitrants.
"Une violence sans raison"
L’un des policiers de la PAF lui rétorque alors qu’il s’agit de "violences". Elle précise qu’il ne s’agit "en aucun cas de violence gratuite", que les forces de l’ordre effectuent des gestes professionnels, qu’ils sont "formés pour cela". Et, dans la discussion, elle lui signifie qu’elle le trouve "un peu trop zen" pour travailler dans son service. La discussion se poursuit normalement, et le policier aux frontières demande à l’un des agents de l’Unesi de lui montrer l’une des techniques d’interpellation, en la pratiquant sur lui.
Puis, selon la plaignante, il lui demande s’il peut tester sur elle la fameuse prise d’étranglement, pour vérifier qu’il la maîtrise encore, arguant qu’il ne l’a faite qu’une fois en école de police. La policière ne se méfie pas, puisqu’elle avait confié peu avant qu’elle servait souvent de cobaye lors des tests de sélection de son unité.
Mais alors qu’elle s’attend à une simple démonstration de la technique et à éventuellement corriger le geste du policier, elle subit, selon ses déclarations, "une violence spontanée et sans raison" de la part du policier aux frontières, qui, selon elle, lui met un genou dans le dos et la plaque au sol, tout en serrant très fort son cou. La policière tape sur le bras du policier pour lui demander de lâcher prise mais il continue. L’agente de l’Unesi raconte ensuite qu’elle a entendu qu’il lui disait des mots à l’oreille, sans les comprendre, car "elle se sentait partir".
Le policier désarmé
Comprenant alors ce qui se joue, les deux autres policiers présents se jettent sur l’agent de la PAF pour lui faire lâcher prise et l’immobilisent à son tour contre la vitre du compartiment. Alerté par les éclats de voix, le chef du dispositif policier sépare alors les équipes, met la policière dans un autre wagon, et prévient sa hiérarchie de l’incident.
Sous le choc et blessée aux cervicales et au dos, la policière annonce son intention de porter plainte pour violences contre le policier de la PAF.
Joint par franceinfo, le porte-parole de la police nationale, Michel Lavaud, a estimé que "si les faits s’étaient bien produits tels qu’ils ont été rapportés, le comportement de ce policier semble anormal et ne correspond pas à un comportement professionnel".
En attendant les résultats des enquêtes judiciaire et administrative, qui vont devoir tenter de déterminer les raisons de cet acte, le policier en question a été désarmé, et n'est plus en contact avec le public, a indiqué la police nationale à franceinfo.
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