Violences policières : "On a des racistes dans la police nationale, mais ils sont d'une extrême minorité"
Alors que plusieurs manifestations contre les violences policières se sont maintenues notamment à Paris malgré l'interdiction, Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP Police FO, appelle à identifier les policiers racistes et les mettre au ban de la police nationale.
"On a effectivement des racistes dans la police nationale, mais ils sont fort heureusement d'une extrême minorité, mais on en a", a reconnu samedi 6 juin sur franceinfo Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP Police FO, alors que plusieurs manifestations contre les violences policières se sont maintenues notamment à Paris malgré l'interdiction. "On a une police multiraciale, mais vous savez, quand on rentre de la police, on n'a qu'une seule couleur, celle de notre uniforme, le bleu marine", a-t-il défendu. "Il faut identifier ces racistes et les mettre au ban de la police nationale. Ils n'ont rien à faire dans la police nationale".
franceinfo : Est-ce que vous reconnaissez qu'il y a du racisme au sein de la police ?
Yves Lefebvre : On a effectivement des racistes dans la police nationale. Oui, mais ils sont fort heureusement d'une extrême minorité, mais on en a. Vous savez, la police est à la société, malheureusement, et on a du racisme dans tous les pans de la société. Il faut identifier ces racistes et les mettre au ban de la police nationale. Ils n'ont rien à faire dans la police nationale. Il ne faut faire d'amalgame. J'insiste bien, on est vraiment sur des situations marginales, mais quand bien même elles sont marginales, elles n'ont pas lieu d'exister.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête vendredi, après la révélation d'échanges racistes, sexistes, homophobes sur un groupe privé de Facebook auquel appartiendraient des policiers, des gendarmes, 8 000 membres sur ce groupe. C'est important qu'il y ait une enquête et ensuite des sanctions ?
Oui, oui, c'est important. Oui, c'est important que l'article 40 demandé, sollicité par Christophe Castaner ait été suivi d'effet. Oui, il faudra sanctionner. Bien évidemment, il faudra faire preuve de discernement. Je me suis penché sur ce groupe Facebook et on a quand même une majorité de collègues ou supposés collègues qui dénoncent certains de ces propos racistes. Mais quand certains profitent des plateaux télé pour proférer des menaces, des insultes, parler de criminels dans la police nationale, il faut qu'on cesse tout ça. Il faut que ça cesse. Sinon on n'apaisera jamais, il faut que Jean-Luc Mélenchon arrête de jeter de l'huile sur le feu. La police est immensément républicaine mais les racistes il faut effectivement, les sortir de la police nationale.
Comment améliorer les relations entre la police et les jeunes dans certains quartiers populaires défavorisés ?
Il faut reprendre pied dans ces quartiers. Vous savez, il y a maintenant plus de vingt ans qu'on a supprimé ce qu'on appelait la police de proximité, les îlotiers ou les commissariats de quartier. Il y a plus de vingt ans. Donc, aujourd'hui, ce sont des zones de non-droit où, malheureusement, une minorité fait régner la terreur. Plus de 95%, voire même 98% des habitants de ces quartiers se lèvent le matin pour aller bosser et veulent que les lois de la République soient respectées.
Malheureusement, la police rentre dans ces quartiers aujourd'hui systématiquement pour aller à l'affrontement. Pourquoi ? Parce qu'une minorité fait régner une terreur, une terreur matérielle, une terreur physique et une terreur financière. C'est ça le danger aujourd'hui. C'est pour cela qu'il ne faut plus de racistes dans la police nationale. Il faut tout faire en sorte que nous n'en ayons plus. D'un autre côté, il faut que certaines stars ou pseudo stars, certains politiques aussi entendent raison. Ce n'est pas en stigmatisant, ce n'est pas en arrivant sur un communautarisme et un anti communautarisme qu'on sortira de là.
Faut-il aussi plus de diversité au sein de la police nationale ?
Il est nécessaire de le rappeler le ministère de l'Intérieur est le seul à avoir eu le label de la diversité, justement, en 2018. C'est le seul ministère de l'Etat français qui a ce label qui est accordé, délivré par des organismes privés. On a une police multiraciale si je peux employer le terme et fort heureusement. Mais vous savez, quand on rentre de la police, on n'a qu'une seule couleur, celle de notre uniforme, le bleu marine. Moi, le premier, j'ai énormément de mes délégués nationaux qui sont d'origine maghrébine ou africaine. Et j'en suis fier parce que, eux aussi apportent tout leur vécu, leur savoir et leur appréhension de ce qu'on doit faire dans ces quartiers. Moi, je voudrais qu'on aboutisse. J'attends du président de la République qu'il annonce un grand plan et que nos syndicalistes policiers, les syndicalistes républicains et on y est tous républicains pour l'immense majorité d'entre nous, qu'on puisse y être associés. Nos représentants, ceux qui y vivent. Il faut aussi que ceux qui connaissent la police nationale, puissent parler de ce que ressentent les flics dans ces quartiers. Alors que je craignais que nous ayons de gros débordements aujourd'hui, pour l'instant, j'insiste bien pour l'instant nous n'avons eu que des manifestations globalement pacifiques. Il est temps de se mettre autour d'une table à la table pour qu'on puisse échanger.
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