Prises d'otages : témoignages après une journée jusqu’ici impensable
Dix sept morts. C'est le lourd bilan des attentats qui ont touché la France ces trois derniers jours. Charlie Hebdo, Montrouge, Dammartin-en-Goële, Porte de Vincennes à Paris. Quatre scènes, et toujours la même détermination affichée par les suspects, armés jusqu'aux dents. Vendredi, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé à Dammartin et dans l'est de Paris, où se déroulait une double prise d'otages, qui s'est soldée par deux assauts coordonnés, la mort des terroristes mais aussi de quatre otages qui étaient retenus dans la supérette casher Porte de de Vincennes.
Jacques apprend dans la matinée de vendredi que sa femme Cathy, qui travaille dans la zone industrielle de Dammartin-en-Goële, est confinée dans son entreprise. Il quitte son travail immédiatement. Il passera 8 heures au bord de la Nationale 2, à attendre des nouvelles de sa femme, dans l'angoisse. Impossible de la joindre. Quand, à 16h55, l'assaut est lancé, l'angoisse monte d'un cran, puis fait place au soulagement. On apprend qu'il n'y a pas eu de victime.
"Le pire, ça a été moment de l'assaut"
"Ça y est c'est fini, maintenant ce que je voudrais c'est enfin voir ma femme. C'est dur, je suis fatigué. Le pire, ça a quand même été au moment de l'assaut, comme moi vous avez entendu les coups de feu, les explosions et tout. C'est dur, très dur ", témoigne-t-il, la gorge serrée, au micro France info d'Hélène Lam trong.
Il est finalement rejoint par son épouse après encore deux longues heures. Cathy raconte : "On a eu très peur, surtout au moment de l'assaut. On a vu des gens évacués, d'un seul coup ça a explosé, il y a eu plusieurs détonations fortes, les murs ont vibré, on s'est tous couché par terre, et puis des tirs de rafale automatique. Et puis un silence terrible. Tout le monde criait 'restez par terre, couchez-vous!'".
"Moi je suis Centrafricaine. Je n'aurais jamais imaginé ça ici"
Le choc et l'émotion, Madison les a aussi vécus. A 29 ans, la jeune femme, qui habite le village d'habitude paisible de Dammartin, n'en revient pas. "J'avais tellement peur, j'ai arrêté une voiture pour me raccompagner jusqu'à ce rond point. Je suis partie en courant chez moi. Ils m'ont dit : 'Enfermez-vous'. Je n'aurais jamais imaginé ça. Moi je suis Centrafricaine, dans mon pays il ya la guerre. Je ne pensais pas que dans cette petite ville à la campagne ça allait arriver. Toute la journée j'en ai eu des sueurs froides ", confie-t-elle.
"J'aurais pu faire partie de ces otages, c'est un miracle"
Porte de Vincennes aussi, l'inquiétude était à son comble vendredi. Comme à Dammartin, c'est un large périmètre qui a été bouclé. Les enfants ont été confinés dans leurs écoles, les habitants sommés de rester chez eux, le périphérique était désert. Yoni, la quarantaine, a ses habitudes dans le supermarché "Hypercacher" où la prise d'otages a fait quatre morts hier. "J'aurais pu faire partie de ces otages, c'est un miracle ", raconte-t-il à notre journaliste sur place, Anne Lamotte. Et puis, viendra l'après. Comment raconter aux enfants ? Comment vivre sereinement après des actes d'une telle violence à la porte de chez soi ?
"Les terroristes ne me terrorisent pas. Je ne fuirai pas"
Yoni, lui, a voulu ressortir rapidement de la maison dès vendredi soir. "Je voulais expliquer calmement à mes enfants ce qu'il s'était passé aujourd'hui dans ce supermarché ". "J'aurais pu faire parti de ces otages, c'est un miracle", explique-t-il. Pas question nénamoins de céder à la peur, pour ce père de famille. "Je n'ai pas peur, les terroristes ne me terrorisent pas. Je ne fuirai pas', assure-t-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.