La tension avec la police est de la faute du "commandement" et de "l'organisation de la répression", estime le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme
Henri Leclerc, avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, réclame sur France Inter une réforme de la police des polices, qui "ne peut plus être une machine à laver".
La tension avec la police est de la faute du "commandement" et de "l'organisation de la répression", a déclaré lundi 30 novembre sur France Inter Henri Leclerc, avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme. Henri Leclerc aimerait qu'on parle de nouveau des "gardiens de la paix", et non des "forces de l'ordre".
Pour lui, l'affaire Michel Zecler, ce producteur de musique tabassé par des policiers, "est comme une espèce d'illustration symbolique qui est venue en plein dans ce débat". L'avocat raconte avoir à de nombreuses reprises fait face à des faux rapports de police mais aussi à des cas de discrimination dans les banlieues.
Il y a un vrai problème de comportement de la police, mais je ne reproche pas cela aux policiers. Les policiers ont peur. Ils ne sont pas formés comme ils devraient l'être.
Henri Leclercà franceinfo
Il estime qu'une défiance s'est instaurée avec la population "alors qu'on devrait avoir une confiance". Henri Leclerc rappelle que la police n'est pas seulement une institution de la République, "elle est prévue par l'article 12 de la Déclaration des droits de l'homme : la garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique, cette force est instaurée pour l'avantage de tous, et non pour l'intérêt particulier de ceux qui l'exercent". C'est donc d'après lui, "une institution qui devrait porter la paix, et là nous sommes dans une situation de tension de plus en plus grande. Moi je pense que la faute ne revient pas aux jeunes, contrairement à ce qu'on dit. La faute en est au commandement, aussi bien dans l'organisation de la répression, dans la dureté de l'ordre qu'il faut imposer, alors qu'il faudrait réussir à amener la paix."
J'en ai assez de voir ces policiers qui ont peur, parce qu'ils sont mal commandés.
Henri Leclercà franceinfo
L'avocat en veut pour preuve les affrontements lors des manifestations de mai 68. "C'était d'une grande violence des deux côtés. Nous avons eu une chance inouïe, C'est un préfet de police extraordinaire, Maurice Grimaud, qui était appuyé sur les syndicats de police. Quelle était la consigne donnée par monsieur Grimaud ? Il disait : 'Attention, frapper un homme à terre, c'est absolument impossible', c'est-à-dire qu'il donnait des conseils de paix."
Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme fait partie de ceux qui réclament une réforme de la police des polices, qui "ne peut plus être une machine à laver". Il pense que "les policiers qui ont massacré M. Zecler étaient sûrs de leur impunité. La meilleure preuve, c'est que quand 16 policiers viennent après, ils regardent".
Henri Leclerc salue donc le fait que le président de la République a demandé au gouvernement de "travailler sur la réforme de L'IGPN, sur le problème des discriminations (c'est donc qu'il y a des problèmes de discrimination) et sur un problème de confiance de la police et de la population (c'est donc qu'il y a un manque de confiance). Ce problème est absolument terrible parce qu'on a besoin d'une police dans laquelle on a confiance. Moi Je suis terrifié par une situation où on assiste à un espèce d'affrontement, entre la police et la population des gens qui manifestent."
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