Quatre personnes mises en examen en France dans le cadre d'une vaste enquête sur des réseaux pédocriminels sur Telegram

Plus de 10 000 pédocriminels, issus de 50 pays différents, ont été identifiés par les enquêteurs. Les personnes identifiées échangeaient des messages et des images pédocriminelles sur la messagerie Telegram.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La messagerie Telegram installée sur un téléphone (photo d'illustration). (DYLAN NIEUWLAND / ANP MAG / AFP)

Quatre personnes ont été interpellées et mises en examen cette semaine en France, dans plusieurs départements, dans le cadre d'une vaste enquête sur des réseaux pédocriminels sur Telegram, a appris vendredi 15 novembre franceinfo auprès du parquet de Brest et de source proche de l'enquête. Sur les quatre mis en examen, trois ont été placés en détention provisoire, le dernier sous contrôle judiciaire.

Ces quatre mises en examen découlent d'une enquête, débutée il y a plusieurs mois par l'OFMIN, l'Office mineurs de la direction nationale de la police judiciaire, explique le parquet de Brest. En juillet 2024, les enquêteurs avaient identifié "deux mineurs victimes de viols et de traite des êtres humains aggravée". Deux suspects avaient alors été identifiés et placés en détention provisoire. Grâce à ces éléments, les policiers ont pu infiltrer des groupes de messagerie sur l'application Telegram, utilisés par les pédocriminels pour échanger des contenus, et notamment des images et vidéos d'abus qu'ils avaient commis.

"Plus de 10 000 pédocriminels, issus de 50 pays différents", ont été identifiés par les enquêteurs. Ils ont échangé "plus de 70 000 messages et 23 000 images pédocriminelles" sur ces réseaux Telegram, dont beaucoup des contenus étaient issus de "production personnelle" des utilisateurs, décrit le parquet.

Des interpellations dans le Finistère, à Bordeaux et dans l'Ain

Parmi les quatre personnes interpellées, figure un homme de 37 ans, interpellé dans le Finistère, sur la commune de Scaër, mis en examen jeudi à l'issue de sa garde à vue. Il est visé par une enquête pour viols, agressions sexuelles aggravés sur mineur de 15 ans, consultation habituelle, enregistrement, détention et diffusion de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique. Trois victimes mineures ont été identifiées au terme des investigations. Le mis en cause est connu de la justice, "déjà condamné, mais pour des faits d'autres natures". Il a été placé en "détention provisoire".

Un autre homme de 63 ans a été interpellé à Bordeaux, le 12 novembre, a précisé le parquet de Bordeaux dans un communiqué. Il a été mis en examen pour détention, mise à disposition d'images d'un mineur présentant un caractère pornographique. Il a reconnu les faits et a été placé sous contrôle judiciaire. "L'expertise psychiatrique exclut toute abolition ou altération de son discernement", poursuit le communiqué. Les faits de viols initialement reprochés n'ont pas été retenus, "le mis en cause s'étant manifestement vanté via internet de faits qu'il n'avait pas commis"

Deux autres personnes ont été interpellées et mises en examen cette semaine dans cette même affaire, dont l'une dans l'Ain a appris franceinfo de source proche de l'enquête. Deux des suspects ont été écroués, le dernier a été placé sous contrôle judiciaire.

"Telegram plateforme très prisée de la sphère pédocriminelle"

Le procureur indique que l'interpellation, en août, du PDG de l'application Telegram, Pavel Durov, a facilité "l'identification des cibles priorisées et localisées en France, comme à l'étranger". Le 25 août, Pavel Durov avait été interpellé à l'aéroport du Bourget, puis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, accusé de "complicité d’administration d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite, en bande organisée".

Les enquêteurs de l'Ofmin ont transmis "une trentaine de cibles" et "les preuves numériques de leurs abus diffusés sur les groupes de la messagerie Telegram" à des services de polices étrangers. Certains suspects ont déjà été interpellés. Le parquet souligne "la dimension internationale de la pédocriminalité en ligne".

Les éléments du dossier illustrent "l'ampleur du phénomène pédocriminel", avec une "mise en contact entre pédocriminels qui se fait en quelques secondes sur les plateformes et les réseaux". Cependant, les contenus ne font "pas l'objet de transactions financières" et ce sont "davantage la possession de contenus inédits d'abus sexuels sur mineurs, issus d'une production personnelle, ainsi que les goûts des différents pédocriminels qui structurent les échanges volatils et les liens opportunistes développés entre les abuseurs d'enfants".

"Cette opération souligne à nouveau que Telegram est une plateforme très prisée de la sphère pédocriminelle, qui s'y sent encore à l'abri malgré l'interpellation de son PDG", conclut le parquet.
 

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