Telegram modifie ses règles pour collaborer davantage avec la justice, après la mise en examen de son dirigeant, Pavel Dourov
Revirement majeur pour la plateforme visée par une vaste enquête en France. La messagerie Telegram, qui a longtemps promis à ses utilisateurs de ne pas divulguer leurs données à qui que ce soit, s'autorise désormais à communiquer ces données aux autorités judiciaires en cas d'enquête, selon de nouvelles conditions d'utilisation publiées lundi 23 septembre.
"Les adresses IP et les numéros de téléphones portables de ceux qui violent nos règles pourront être communiqués aux autorités en réponse aux requêtes judiciaires valides", a annoncé sur sa chaîne Telegram le dirigeant de la plateforme, Pavel Dourov. Auparavant, Telegram ne prévoyait de collaborer avec la justice que dans le cas où un utilisateur était déclaré "suspect d'activités terroristes" par un tribunal.
Des fonctionnalités repensées
Pavel Dourov, qui a obtenu la nationalité française en 2021, est mis en examen en France et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire depuis le 28 août. Le milliardaire est accusé par la justice française dans le cadre d'une plainte contre X de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels ou délictueux sur sa plateforme et de ne pas répondre aux requêtes des autorités judiciaires. Pavel Dourov a qualifié l'enquête de "surprenante" et "erronée", assurant que Telegram a toujours obéi aux lois européennes et que "si un pays n'est pas satisfait d'un service internet, la pratique établie consiste à entamer une action en justice contre le service lui-même", avant son dirigeant.
Le milliardaire a cependant reconnu que la forte hausse du nombre d'utilisateurs de Telegram, qu'il évalue à 950 millions de personnes dans le monde, avait généré une situation ayant "permis aux criminels d'abuser plus facilement de notre plateforme". Il avait promis d'"améliorer considérablement les choses", commençant par le remplacement de la fonction "People Nearby" (qui permettait d'entrer en contact avec des utilisateurs situés à proximité) par "Businesses Nearby" (qui ne présentera que "des entreprises légitimes et vérifiées").
Dans son dernier message, Pavel Dourov affirme également qu'"une équipe de modérateurs dédiés, avec l'aide d'intelligence artificielle", a rendu inaccessible "tout le contenu problématique que nous avions identifié dans la fonction de recherche". "Ces mesures devraient décourager les criminels", juge le fondateur de la plateforme. Reste à voir si les actes, et notamment la collaboration avec la justice, suivront les mots.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.