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Ce que l'on sait de la mort de Liu Shaoyo, un Chinois abattu lors d'une intervention policière à Paris

Liu Shaoyo a été abattu par un policier à son domicile, dimanche soir à Paris. Les fonctionnaires invoquent la légitime défense pour justifier leur tir, alors que la famille de l'homme tué parle de violences policières sans sommation.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants devant le commissariat du 19e arrondissement de Paris, le 27 mars 2017. (CHEN YICHEN / XINHUA / AFP)

La soirée a été tendue, lundi 27 mars, aux abords du commissariat du 19e arrondissement de Paris. Environ 150 personnes ont manifesté pour s'indigner de la mort, dimanche, de Liu Shaoyo, un Chinois tué par un policier qui a fait feu lors d'une intervention contestée. Les policiers invoquent la légitime défense pour justifier ce tir, alors que la famille de l'homme tué parle de violences policières sans sommation. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette affaire, qui a déjà entraîné une réaction officielle des autorités chinoises. 

Quelle est la version de la police ?

Les trois fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (BAC) déployés sur place ont été auditionnés par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices". Selon les informations de franceinfo, ils ont expliqué avoir répondu à l'appel d'un voisin. Ce dernier aurait contacté la police après avoir "vu un homme déambuler dans les parties communes de son immeuble avec ce qui ressemblait à un couteau ou une arme blanche".

À leur arrivée, les policiers disent avoir vu la future victime les invectiver depuis son balcon. Ils ont également entendu des cris et des hurlements provenant de l'appartement, situé au sixième étage. Ils ont donc forcé la porte du logement et sont entrés, tombant sur l'homme. Celui-ci se serait jeté, armé d'un ciseau de 25 centimètres de longueur, sur le premier policier. Protégé par son gilet pare-balles, il a été seulement touché au niveau de l'aisselle et s'est vu prescrire trois jours d'incapacité temporaire de travail (ITT). "Il me plante, il me plante !" aurait-il lancé. Le deuxième policier a aussitôt fait usage de son arme, blessant mortellement l'homme.

Quelle est la version de la famille ?

Les proches du défunt "contestent totalement la version des faits" exposée par les policiers. "Il n'a blessé personne", a déclaré, lundi à l'AFP, l'avocat des proches, Calvin Job. Ce soir-là, "un voisin a appelé la police en disant qu'il y avait des cris", explique-t-il, mais selon lui, c'est le premier policier à être entré dans l'appartement qui a fait feu tout de suite, sans sommation, sous les yeux de la fille de la victime.

"Dimanche à 20 heures, il était en train de cuisiner du poisson pour ses enfants, raconte-t-il à franceinfo. Il avait un ciseau pour écailler et pour tailler le poisson. Il entend des coups violents à sa porte et voit qu'il s'agit de personnes en civil qui essaient de forcer la porte. Sa fille, sachant qu'il ne parle que très peu le français, s'approche de la porte et dit 'ne forcez pas la porte, ça ne sert à rien, nous allons ouvrir'. Mais la porte s'ouvre brutalement, le monsieur est propulsé vers l'arrière et le coup de feu est enclenché. Tout de suite, il tombe." Calvin Job assure que l'arme du policier est d'ailleurs tombée au sol juste après le coup mortel.

Que disent les premiers éléments de l'enquête ?

Le 2e district de police judiciaire et l'IGPN ont été saisis des enquêtes. La famille du défunt doit notamment être entendue mardi après-midi par la police des polices. La famille et la police se rendront ensuite dans l'appartement pour des "vérifications" afin de comprendre pourquoi la version des policiers de la BAC et celle des enfants et de la femme de la victime ne concordent pas, selon les informations recueillies par franceinfo.

Selon une source proche de l'enquête, l'homme présentait des troubles psychiatriques, mais une autre source appelle à la prudence sur le déroulement des faits car des vérifications sont toujours en cours.

Quelles sont les réactions officielles ?

Pékin a demandé à Paris de protéger ses ressortissants. "Nous avons rapidement lancé des protestations officielles auprès des autorités françaises et exigé qu'elles fassent toute la lumière sur l'incident, prennent des mesures efficaces afin de protéger la sécurité, les droits et les intérêts légitimes des citoyens chinois, et traitent la réaction des Chinois vivant en France à cet incident d'une manière raisonnable", a réagi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

"Les autorités compétentes du ministère chinois des Affaires étrangères ont également rencontré aujourd'hui des responsables de l'ambassade de France en Chine afin de leur faire part de nos protestations officielles", a-t-elle précisé. "Nous espérons que nos compatriotes vivant en France sauront faire part de leurs plaintes d'une manière raisonnable et légale", a par ailleurs souligné la porte-parole chinoise.

La sécurité des ressortissants chinois est "une priorité des autorités françaises", a répondu le ministère français des Affaires étrangères. "Des mesures renforcées ont été adoptées ces derniers mois et toutes les dispositions sont prises pour leur réserver les meilleures conditions d'accueil et de sécurité", a affirmé le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal.

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