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Rixes entre bandes rivales : "C'est un peu la Guerre des boutons façon 21e siècle"

Alors que plusieurs jeunes ont été mis en examen pour homicide volontaire suite à des affrontements entre bandes, l'avocat pénaliste maître Adrien Gabeaud a estimé que ces rixes ont toujours existé, mais sont mises en avant par les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Un jeune homme de 17 ans est mort dans une rixe mardi 23 octobre à Sarcelles. (MAXPPP)

"C'est un peu la Guerre des boutons façon 21e siècle", a expliqué dimanche 28 octobre sur franceinfo maître Adrien Gabeaud, avocat pénaliste, qui a plusieurs dossiers de violences entre bandes rivales à son actif. Plusieurs jeunes ont été mis en examen pour "homicide volontaire" après la mort d'un jeune de 17 ans à Sarcelles (Val-d'Oise) en début de semaine. Un autre règlement de comptes entre bandes rivales a aussi coûté la vie à un jeune de 16 ans dans l'Est de Paris dans la nuit de mardi à mercredi.

Est-ce que ce phénomène a changé ces dernières années ?

Si les bagarres ont toujours existé, hélas, le phénomène des réseaux sociaux amplifie les rixes. Ce qui est nouveau, c'est l'âge des participants, car la plupart sont mineurs et on les retrouve dès l'âge de 14/15 ans. Cela permet de se donner, via des alias, des points de rendez-vous dans tel ou tel quartier, et en amont de ces rendez-vous violents. Il y a des provocations, des insultes, des menaces qui sont lancées sur les réseaux sociaux et qui favorisent, amplifient et accélèrent le passage à l'acte. On les retrouve dans Paris intramuros et en proche banlieue. Il s'agit de quartiers qui se présentent comme étant rivaux, sans savoir sur quoi repose cette rivalité. Il s'agit d'envoyer des messages : "Je vais voler, brûler ton scooter". Le quartier d'en face y répond par provocation et à la suite de cette surenchère, les jeunes se donnent rendez-vous dans un temps extrêmement proche de ces échanges.

Est-ce qu'il y a une motivation particulière dans l'organisation de ces bagarres qui dégénèrent ?

Non, c'est ça qui est terrible et que cherchent à déterminer les forces de police et de justice : c'est que la raison est indicible. D'ailleurs, lorsque ces jeunes sont auditionnés, ils ne donnent pas de raison particulière et disent tous : "On voulait se battre, mais on ne pensait pas que la personne décèderait". Il y a une absence de raison et une immaturité évidente que tout le monde constate. La plupart sont connus des services de police et de justice, à la fois en qualité d'auteur, mais également en tant que victime. L'auteur d'un jour est souvent la victime du lendemain.

Mais ces rixes sont intemporelles...

C'est un petit peu la Guerre des boutons façon 21e siècle, car ces jeunes sont de plus en plus jeunes à agir de la sorte, ils ont 14/15 ans, sont munis d'armes, la plupart du temps de couteaux, d'armes blanches. Les pouvoirs publics ont pris ce sujet extrêmement au sérieux et ont créé une patrouille "PV risques" depuis quelques mois, qui dit bien son nom, et s'évertue à pallier ces difficultés. Mais la tâche est difficile car derrière les réseaux sociaux, il y a un passage à l'acte extrêmement rapide et difficile pour les enquêteurs à déterminer à l'avance. Ils ont des difficultés à déceler l'information, celle-ci étant éthérée dans les réseaux via des noms cachés. Néanmoins, dans beaucoup de rencontres entre jeunes où il y a eu des actes violents, les policiers et les éducateurs ont réussi à avertir les forces de l'ordre, et beaucoup de drames ont été évités.

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