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Sainte-Soline : la préfète des Deux-Sèvres assure que si "le Samu n'a pas eu le droit d'intervenir", c'est parce que "les conditions de sécurité n’étaient pas réunies"

"Le Monde" révèle des enregistrements d'appels téléphoniques qui montrent que les forces de l’ordre interdisaient au Samu d’intervenir. La Ligue des droits de l'homme confirme que ces échanges sont exacts
Article rédigé par franceinfo
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C'est la mission des forces de l'ordre de déterminer si les secours peuvent être envoyés en milieu hostile, défend la préfète des Deux-Sèvres après un article du monde révélant que le Samu a été empêché d'intervenir à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. (MAXPPP)

La préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, revient mardi 28 mars dans un droit de réponse sur les informations diffusées dans un article du journal Le Monde titré Sainte-Soline : l'enregistrement qui prouve que le Samu n'a pas eu le droit d'intervenir. L'article rapporte un échange téléphonique enregistré par la Ligue des droits de l'homme (LDH) entre un médecin, une avocate de la LDH et le Samu. Des propos rapportés "parfaitement conformes", a confirmé mercredi 29 mars la LDH à franceinfo, alors que les conditions d'intervention du Samu et des médecins pour secourir les blessés lors de la manifestation contre les "méga bassines" de Sainte-Soline, samedi 25 mars, sont au cœur d'une polémique.  

>> Manifestation contre les "méga-bassines" à Sainte-Soline : la LDH accuse les forces de l'ordre d'avoir entravé l'intervention des secours

"Si la transcription de l'article laisse sous-entendre que les médecins militaires ne sont pas intervenus au profit des participants au rassemblement, force est de constater que cette affirmation est fausse", écrit la préfète dans son communiqué. La préfète met en avant l'intervention d'un médecin de la gendarmerie "qui a notamment porté secours à un participant blessé en urgence absolue". "Il a été la cible de projectiles à son départ alors qu’il a prodigué les premiers secours et attendu l’arrivée du Samu à ses côtés", ajoute-t-elle.

Une question de sécurité des personnels de secours

Pour garantir la sécurité des personnels des sapeurs-pompiers ou du Samu dans un "contexte hostile, il appartient aux forces de l'ordre de définir si l’arrivée d’un véhicule de secours à un certain point est possible ou non", estime Emmanuelle Dubée. "Il n'est donc pas surprenant, poursuit-elle, que, si ces conditions de sécurité n’étaient pas réunies, les forces de l’ordre aient pu, pour certaines géolocalisations et dans certaines périodes de temps, indiquer qu’un envoi d’ambulance n’était pas possible dans l’immédiat. Ce n’est donc que pour éviter que le Samu ou les pompiers ne soient pris à partie ou victimes collatérales des affrontements violents que cette consigne a pu être passée", ajoute la préfète. Interrogé mercredi sur RTL, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré que "les secours sont arrivés dès qu'ils ont pu". "Il faut d'abord géolocaliser le blessé dans des champs", explique le ministre de l'Intérieur. "Et avant d'envoyer des secours il faut ensuite pouvoir les sécuriser", poursuit Gérald Darmanin qui assure que face à la "violence" sur place "les gendarmes ont pris sur eux d'envoyer le médecin du GIGN".

L'un des avocats de la Ligue des droits de l'homme (LDH), Pierre-Antoine Cazaux, a dénoncé dès dimanche sur franceinfo le délai d'intervention des secours pour venir en aides aux blessés, samedi à Sainte-Soline. "Nous avons explicitement entendu le médecin-urgentiste du Samu dire clairement qu'ils avaient l'ordre de ne pas intervenir de la part du commandement sur place", a-t-il affirmé. Pierre-Antoine Cazaux a ajouté avoir assisté, en tant qu'observateur, "à plusieurs appels avec le Samu de la part d'un médecin qui a expliqué qu'il y avait une urgence vitale. La réponse qu'on lui a apporté était qu'il ne pouvait pas intervenir."

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