Deux ex-agents des services secrets français soupçonnés de trahison : "Dans le monde du renseignement, ça fait partie du jeu"
"Les trahisons sont quelque chose de classique", a réagi vendredi sur franceinfo le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Éric Denécé, après la mise en examen de deux anciens agents des services secrets français.
Les soupçons de trahison qui pèsent sur deux anciens agents français de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ne représentent "aucune surprise", a réagi, vendredi 25 mai sur franceinfo, Éric Denécé, ancien analyste du renseignement. Les deux agents et la compagne de l'un d'entre eux ont été mis en examen en décembre dernier. "Les services du monde entier essaient de recruter des officiers des services adverses", a ajouté le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement.
franceinfo : Que pensez-vous de cette affaire ?
Éric Denécé : Dans le monde du renseignement, les trahisons sont quelque chose de classique même s'il n'y en a pas une tous les quatre matins. Ça fait partie du jeu. Les services du monde entier essaient de recruter des officiers des services adverses et l'on sait très bien que l'espionnage chinois est extrêmement actif dans notre pays et qu'il dispose d'énormes moyens pour recruter.
Certains médias pointent la Chine. Qu'en pensez-vous ?
Ce sont les bruits qui courent mais pour le moment nous n'avons aucun élément. Je rappelle juste que l'ensemble des services ennemis ou alliés essaient de recruter en France. La Chine c'est une évidence. On a beaucoup dit que parmi les diplomates russes expulsés au moment de l'affaire Skripal, il y avait un certain nombre d'officiers de renseignement russe qui avaient mené des opérations en France et que le ministère de la défense avait profité de l'affaire Skripal pour les renvoyer. Il faut rappeler que nos amis israéliens ont fait plusieurs tentatives de recrutement dans les services français.
Quel est l'intérêt pour la Chine ?
La Chine s'intéresse particulièrement à tout ce que sont les recherches sur l'intelligence artificielle en France.
La Chine est dans une véritable course technologique. On a affaire à un espionnage d'État extrêmement agressif.
Éric Denécé
Côté français, on essaie de protéger ces centres de recherche qui travaillent sur ces questions-là.
Quels types d'informations auraient pu être partagés ?
La demande d'information va être différente en fonction du pays qui est derrière l'opération. La vraie question est de savoir si l'homme et la femme incriminés étaient déjà en fonction quand ils ont commencé à trahir et quelles étaient leurs responsabilités exactes. Cela veut dire qu'ils ont pu donner des organigrammes, ils ont pu expliquer des méthodes, donné des réseaux. Même lorsqu'ils sont partis, ils avaient toujours un certain nombre de savoir et d'archives personnelles sur la maison qu'ils auraient pu transmettre à une puissance adverse.
Les informations transmises concerneraient les méthodes de travail de la DGSE. Qu'est-ce que cela va engendrer, notamment pour les sources basées à l'étranger ?
C'est un danger réel. En même temps il faut rappeler que nous ne sommes pas très actifs sur l'Extrême-Orient qui est la zone qui intéresse particulièrement la Chine. Les Français sont surtout déployés en Afrique et au Moyen-Orient. Les Chinois sont de plus en plus actifs en Afrique, donc on peut envisager, mais ce ne sont que des conjectures, que la recherche d'information pourrait porter sur notre dispositif en Afrique pour mieux le connaître et le neutraliser.
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