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Les survivants de Nice sont encore "extrêmement marqués" selon la Fédération des victimes d'attentats

Trois mois après l'attentat du 14 juillet à Nice, qui a coûté la vie à 86 personnes, un hommage national est organisé sur la Promenade des Anglais. Le traumatisme est encore bien là, selon la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (FENVAC).

Article rédigé par franceinfo
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La Promenade des Anglais est encore recouverte de fleurs, en l'hommage des victimes du 14 juillet. (13 octobre 2016) (CITIZENSIDE/JEAN-LUC THIBAULT / CITIZENSIDE)

L'hommage national organisé à Nice samedi 15 octobre, trois mois après l'attentat de la Promenade des Anglais qui a fait 86 morts, doit être l'occasion pour les familles des victimes et les survivants qui en ressentent le besoin d'exprimer collectivement leur deuil, selon le secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (FENVAC). Stéphane Gicquel, invité de franceinfo samedi matin, estime aussi qu'une réflexion doit s'engager en France sur la prise en charge à long terme des victimes et survivants qui restent encore extrêmement marqués.

franceinfo : Que pensent les familles de victimes et les survivants de cet hommage national organisé ce samedi à Nice ?

Stéphane Gicquel : Toutes les familles et toutes les victimes ne vont pas avoir le même regard sur cet hommage. Pour certains, effectivement c'est important d'avoir cette reconnaissance de l'État, ce soutien de la Nation, d'autres vont être assez indifférents à cet événement et ne seront sans doute pas présents, et pour d'autres c'est encore trop difficile, trop frais, pour qu'ils soient présents. Simplement, c'est une proposition. Il fallait faire quelque chose et c'est vrai que cela nous interroge : qu'est-ce qu'on peut faire après de tels drames ? C'est la liberté de chacun de participer ou pas à cet hommage, mais pour ceux qui viendront, il y aura beaucoup d'émotion. Un deuil, ce n'est pas simplement intime, quand il y a un événement comme un attentat, ce qui est important pour beaucoup de victimes, c'est de se retrouver et de vivre ensemble ce deuil.

Peut-il y avoir un fossé entre les Français, qui peuvent avoir envie de penser à autre chose dans ce contexte où la menace quotidienne est lourde à porter, et les familles des victimes qui, elles, y pensent chaque jour ?

C'est un vrai choix de société, et on devrait avoir une vraie réflexion politique là-dessus, au sens noble du terme. Ce n'est pas simplement la déchéance de nationalité ou la question du burkini, c'est se dire : 'comment on vit avec le terrorisme dans notre quotidien et comment on s'occupe des victimes', parce que s'occuper des victimes, c'est aussi une réponse de la civilisation à la barbarie, et le terrorisme ne doit être ni un sujet tabou ni un sujet dévoyé par des querelles politiciennes.

Comment jugez-vous la prise en charge des victimes suite aux différents attentats qui ont touché la France ?

Il y a eu des vrais progrès depuis les attentats de janvier 2015, depuis ceux du 13 novembre 2015 aussi où il y avait eu un certain nombre de lacunes. Aujourd'hui la vraie difficulté, c'est qu'il va y avoir des centaines de personnes, rescapées psychologiques, pour lesquelles on ne sait pas encore si elles vont avoir le statut de victime. C'est la particularité de Nice : on était dans un milieu ouvert, où on demande aux gens de prouver qu'ils étaient sur la voie de circulation du camion. Tout ça doit nous amener à nous demander qu'est-ce qu'être victime de terrorisme. Cet attentat de Nice doit nous amener à changer les règles.

Dans quel état psychologique se trouvent les survivants, trois mois après?

Ils sont encore extrêmement marqués, avec des angoisses, de l'hyper vigilance - ces victimes vont suréagir à un bruit par exemple - des problèmes de sommeil... Beaucoup de gens sont toujours en arrêt de travail ou ont des problèmes de concentration. Ce sont les symptômes d'un stress post traumatique, avec la particularité de Nice : l'horreur de la scène d'attentat, c'est ce qui ressort des 1 300 entretiens que nous avons eus avec les victimes, et qu'on avait pas peut-être, après les attentats du 13 novembre.

Les survivants "encore extrêmement marqués" selon la FENVAC

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