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Que va devenir Salah Abdeslam après son arrestation ?

Ce suspect-clé des attentats du 13 novembre est désormais à la disposition de la police et de la justice.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Capture d'écran de la chaîne de télévision bege RTL montrant l'arrestation d'un suspect le 18 mars 2016 à Molenbeek (Belgique). (AFP / RTL BELGIQUE)

Salah Abdeslam a quitté l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, samedi 19 mars, où il a été soigné après avoir été légèrement blessé à la jambe au cours de son arrestation, la veille, dans le quartier bruxellois de Molenbeek. "L'ennemi public numéro un" est désormais à la disposition de la police et de la justice qui enquêtent sur le rôle qu'a joué ce suspect-clé dans les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Voici ce qui l'attend.

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Garde à vue, mise en examen et incarcération en Belgique

Salah Abdeslam a d'abord été interrogé par les policiers à Bruxelles. Mais les enquêteurs belges ne l'ont questionné que sur les faits qui lui sont reprochés en Belgique, précise France Info. Cette garde à vue est de courte durée. En Belgique, elle ne peut excéder 24 heures pour terrorisme, contre jusqu'à six jours en France en cas de risque terroriste, souligne Le Monde.

Le Français de 26 ans a ensuite été présenté à un juge qui lui a signifié les charges retenues contre lui par la justice belge. Il a été inculpé de "meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste".

Salah Abdeslam a, dans la foulée, été incarcéré dans l'une des plus grandes prisons de Belgique, la maison d'arrêt de Bruges qui dispose d'une section spéciale réservée aux terroristes. La cellule numéro 8 lui serait réservée depuis de long mois, explique France Info. 

Remise quasi automatique à la France

Salah Abdeslam étant sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, son transfèrement de la Belgique vers la France ne devrait être qu'une simple formalité en vertu de cette procédure créée en 2002. Comme François Hollande l'a annoncé vendredi soir, la justice française a adressé une demande de remise à laquelle son homologue belge devrait répondre favorablement, a expliqué samedi soir François Molins, procureur de la République de Paris. 

Si Salah Abdeslam avait consenti à être rapatrié vers la France, son transfert aurait pu survenir "en quelques jours", indique le magistrat français. Mais comme son avocat l'a indiqué, Salah Abdeslam s'est opposé à cette décision. Son transfèrement ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs semaines, affirme sur France Info, Samia Maktouf, avocate de plusieurs victimes des attentats du 13 novembre. "Quand la personne s'oppose à une remise, le processus est plus complexe, la justice doit procéder à un examen plus approfondi du dossier. Mais la décision doit intervenir dans les trois mois", précise François Molins. 

Compte tenu de la gravité des faits qui lui sont reprochés en France, le scénario d'une passe d'armes entre Paris et Bruxelles sur le trasnfèrement de Salah Abdeslam est peu probable, selon l'avocat pénaliste Pierre Chomé, interrogé par DH.be. Il existe en effet un précédent qui pourrait faire office de jurisprudence. La France avait livré dans les plus brefs délais Mehdi Nemmouche. L'auteur présumé de l'attaque du Musée juif de Bruxelles qui avait fait quatre morts fin mai 2014 avait été rattrapé à Marseille une semaine plus tard. 

Détention à l'isolement et procès spécial en France 

Une fois arrivée en France, le prisonnier Salah Abdeslam sera présenté "aux magistrats instructeurs" du pôle antiterroriste de Paris qui instruisent le dossier des attentats du 13 novembre. Ceux-ci lui signifieront les charges qui pèsent contre lui, en France, précise Le Monde. Ils devraient alors le mettre en examen.

Ensuite, Salah Abdeslam sera placé à l'isolement, assure Le Figaro, afin qu'il ne puisse pas avoir le moindre contact avec d'autres détenus. Les détenus placés à l'isolement sont étroitement surveillés. Les gardiens effectuent des rondes toutes les heures pour s'assurer qu'ils ne tentent pas de se suicider. En France, trois centres pénitentiaires hébergent les terroristes ou les jihadistes : Osny, Fleury-Mérogis et Fresnes, relève le quotidien qui présume que ce dernier pourrrait être choisi pour accueillir Salah Abdeslam. Fresnes dispose en effet d'une unité d'évaluation des détenus radicalisés. Et chaque fois que Salah Abdeslam quittera sa prison pour être interrogé ou pour comparaître, il sera placé sous escorte de l'unité d'élite de la gendarmerie, le GIGN.

Le Monde avance que Salah Abdeslam sera "très probablement" jugé par une cour d'assises spéciale, composée de magistrats et non de jurés. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Mais, rappelle le blog Police de caractère, la justice devra entendre toutes les parties civiles, interroger tous les suspects, attendre les résultats de toutes les expertises et répondre à toutes les demandes d'actes et de recours... Encore bien des années avant la tenue d'un tel procès. 

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