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Attentats du 13 novembre : 17 victimes vont porter plainte contre l'Etat

Selon leur avocate, la publication mardi matin du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Paris a incité ces familles de victimes à vouloir dénoncer de "graves dysfonctionnements" de la part des services de l'Etat.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des anonymes rendant hommage aux victimes des attaques du13 novembre, près du Bataclan, le 15 novembre 2015 à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Dix-sept victimes des attentats du 13 novembre, ou leurs familles, vont porter plainte contre l'Etat estimant que la puissance publique a une part de responsabilité dans le drame. Samia Maktouf, leur avocate, a indiqué à francetv info, mardi 12 juillet, qu'elle préparait cette plainte et comptait la déposer dans les jours qui viennent, confirmant une information de BFMTV.

Cette accusation intervient quelques heures après la publication du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015. Selon leur conseil, ce document a convaincu plusieurs proches de victimes de la nécessité de porter plainte. "Plusieurs d'entre eux ont revécu le drame, en se disant que l'Etat aurait pu empêcher tout ça", explique Samia Maktouf.

Un exemple de dysfonctionnement révolte particulièrement les victimes : "Quand vous pensez que Samy Amimour [un des tueurs du Bataclan] n'a pas été inquiété alors qu'il ne pointait pas auprès des autorités, comme l'y obligeait son contrôle judiciaire après une condamnation, et qu'il a pu obtenir de faire refaire ses papiers à la préfecture en prétextant simplement les avoir perdus, c'est inadmissible, regrette l'avocate. Avec ce nouveau passeport, Amimour savait qu'il ne serait pas inquiété par les contrôles aux frontières, puisque son nouveau numéro de passeport ne renvoyait pas à son contrôle judiciaire. Il a profité des lacunes de l'Etat."

"Beaucoup de familles de victimes sont en colère"

Comme le relève le rapport de la commission parlementaire, la demande de nouveaux papiers d'identité entraîne normalement la consultation des fichiers des personnes recherchées et des personnes interdites de quitter le territoire, comme l'était Samy Amimour. Mais d'après l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, interrogé par la commission, cette vérification ne serait en fait pas systématique.

L'annonce de la plainte de familles de victimes du 13 novembre survient par ailleurs quelques heures après la décision du tribunal administratif de Nîmes de condamner l'Etat pour sa responsabilité partielle dans la mort d'Abel Chennouf, un militaire tué par Mohamed Merah en 2012. "C'est une décision qu'on salue, commente Samia Maktouf. On s'inscrit dans cette brèche qui vient de s'ouvrir. Beaucoup de familles de victimes sont en colère et veulent que les responsabilités soient établies et sanctionnées."

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