Procès de Jaouad Bendaouad : "Ce côté clownesque, ça détourne l'attention, c'est quand même 130 morts !"
Jugé pour avoir hébergé deux terroristes du 13 novembre, Jawad Bendaourd, survolté, maladroit et pathétique, a livré jeudi sa version des faits devant le tribunal correctionnel de Paris. Et devant les familles des victimes, consternées.
Dans son survêtement rouge du PSG, Jawad Bendaoud, bourré de tics est un moulin à parole. Intarissable sur son trafic de drogue, sa vie sentimentale, ses nombreuses punchlines sont ponctuées de "wesh" ou de "nanani". On l'avait quitté risée de la France entière après les attentats du 13 novembre 2015. On le retrouve jeudi faisant le spectacle cette fois dans le box de la 16e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, pour la deuxième journée d’audience. L’homme de 31 ans est accusé d’avoir hébergé deux terroristes survivants du commando des terrasses après les attaques de Paris et Saint-Denis.
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Tout cela serait presque drôle, s’il n’y avait pas des centaines de vies brisées. Sandrine a perdu son mari au Bataclan et suit cette audience. "Il paraît tellement dans la démesure, dans sa surexcitation, explique-t-elle. J’ai ri aussi : on est pris dans le côté clownesque de son exagération. Mais c’est aussi un jeu : il est sur scène."
En effet, survolté, ses phrases chocs s’enchaînent dans un récit confus et agité. Il mime, alpague des journalistes, s’adresse même à une victime du 13 novembre présente en fauteuil roulant dans la salle. Difficile de suivre ses références : du rappeur Snoopdog à une star du porno, en passant par une comptine pour enfants.
Se présenter ainsi, pour Sandrine, est un moyen de nourrir son personnage et détourner l’attention sur autre chose. "Je ne peux pas croire un seul instant qu’il n’ait pas pu être au courant, soupire-t-elle, même s’il n’a pas pris les armes, ni mis de ceinture d’explosifs."
Pour moi, c’est important qu’on puisse démontrer qu’ils ont participé à des réseaux dangereux et qui ont amené des drames.
Sandrine, femme de victime
Elle aurait aimé le voir arriver plus sage à l’audience : "On a l’impression qu’il a à peine mesuré. Moi j’ai perdu mon mari et ce sont 130 vies qui ont été bousculées…" Vendredi, Jawad Bendaoud devra répondre aux questions des avocats et du procureur. Son avocat devra sans doute, comme jeudi, lui adresser ces regards appuyés, presque gênés, le priant de bien vouloir baisser d’un ton.
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