Le dessinateur Fred Dewilde, rescapé du Bataclan, s'est donné la mort

Fred Dewilde était au Bataclan le soir des attentats du 13 novembre 2015. Il est mort "terrassé par la violence de ses traumas contre lesquels il luttait sans relâche", a annoncé l'association Life for Paris sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par franceinfo
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Fred Dewilde dans un reportage de France 3, en septembre 2021. (FRANCE TELEVISIONS)

Fred Dewilde a mis fin à ses jours dimanche 5 mai, annoncent mardi ses proches dans une lettre relayée sur les réseaux sociaux par l'association de victimes des attentats du 13 novembre 2015 Life for Paris. Il est mort, "terrassé par la violence de ses traumas contre lesquels il luttait sans relâche avec tant de courage, de talent et de générosité depuis ce soir funeste où il disait qu'une partie de lui était morte", est-il écrit dans ce texte qui lui rend hommage. 

"Nous sa famille, nous sommes sous le choc et dévastés" écrivent ses proches, qui rappellent l'engagement de Fred Dewilde auprès de "la grande famille des victimes du 13 novembre 2015", du public et des jeunes en particulier, via ses interviews ou ses interventions en collège. "Son immense appétit de vivre porté par l’amour qu’il donnait autant qu’il recevait, son énergie communicative, son humour décapant, ses œuvres poignantes, ses projets pleins les tiroirs ont été fauchés en une nuit par une pulsion suicidaire insurmontable le rendant sourd à tout avenir, écrivent ses proches. Cette nuit-là, une étincelle a ouvert béantes ses insupportables blessures qui le meurtrissaient depuis tant d’années, anéantissant toutes les digues de bonheur qu’il avait construites avec nous."

Venu assister au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, Fred Dewilde avait passé deux heures dans la fosse de la salle parisienne. Au fil des mois qui ont suivi, ce graphiste racontait comment il avait tout perdu de sa vie d'avant. "Ma vie de maintenant est conduite par cette soirée, disait-il en septembre 2021 sur le plateau de C Politique. Tous les jours, je suis sur ma table à dessin, à dessiner en rapport avec le 13-Novembre. Je suis encore complètement immergé dedans".

En 2016, Fred Dewilde avait raconté son histoire dans une bande dessinée, Mon Bataclan (Lemieux). Plus récemment, il avait publié en 2021 un troisième roman graphique, Conversation avec ma mort (Rue de Seine), un récit introspectif évoquant ses angoisses et son syndrome post-traumatique, sur fond de lucidité parfois teintée d'humour noir.

"Fred le survivant, Fred la victime, était devenu Fred l'artiste sublimant la souffrance à hauteur d'homme, passeur de mémoire pour nous tous."

Texte hommage à Fred Dewilde

à franceinfo

"Fred ne nous éclairera plus de son franc sourire, de la chaleur de son affection, de ses grands gestes qui ponctuaient son lent phrasé si inspirant, conclut le texte qui lui rend hommage. Mais à travers tout ce qu’il a partagé avec nous, Fred continuera à nous indiquer la voie à suivre : combien l’attention à l’autre panse les plaies, combien la parole libère, combien le respect de l’autre résout les maux, combien la fraternité fait la force. Dans ce monde chargé de conflits, son héritage est un combat. Le soldat Fred est tombé aujourd’hui et nous sommes ses héritiers."

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