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Les restaurants et hôtels parisiens font grise mine pour le réveillon : "Plus personne ne veut venir à Paris"

Dans la plupart des établissements, les réservations pour le réveillon du 31 décembre s'effondrent, conséquence directe des attentats de Paris.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Préparation du repas de la Saint Sylvestre au palace Ritz à Paris, en 2004. (MAXPPP)

"C'est pas mal, mais c'est pas complet non plus", confie-t-on au restaurant Le Dauphin, situé à deux pas de la rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement, qui avait été endeuillée par les attentats du 13 novembre."Pour le 31 décembre, on a deux services de 40 couverts, dont l'un est complet." Réputé pour ses tapas revisitées, Le Dauphin a connu, comme la grande majorité des restaurants parisiens, une baisse considérable de sa fréquentation dans les semaines suivant les attentats. "On a une clientèle variée, des gens qui habitent dans le quartier, des touristes qui viennent exprès... Mais depuis un mois, les jeunes viennent moins. Ils ne sortent plus."

Coupe de champagne offerte, huîtres à prix coûtant

A la veille de la Saint-Sylvestre, la plupart des restaurants et hôtels parisiens font grise mine : les réservations pour l'un des soirs les plus attendus de l'année se font rares. "Les réservations sont très très 'lights'", confie Marcel Benezet, président des cafés, bars et brasserie au Synhoract (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs) à francetv info. "Les restaurateurs veulent rester optimistes, ils ne veulent rien changer à leur habitude, mais ils sont vraiment inquiets." Et pour cause, selon les chiffres du syndicat, les réservations ont baissé de 40% à 50% dans les restaurants parisiens depuis les attentats. "Cela s'est confirmé lors du réveillon de Noël, mais c'est encore plus prégnant pour la Saint-Sylvestre", accuse Marcel Benezet. 

Afin d'attirer d'éventuels clients indécis, certains restaurants organisent des événements spéciaux, comme une soirée "huîtres à prix coûtant" mercredi 30 décembre, au restaurant Extérieur Quai, situé près de la gare de l'Est. "D'autres offrent une coupe de champagne, mais personne ne veut brader la qualité des produits ni les prix. Il faut que la soirée du 31 reste exceptionnelle. Paris est une fête !", assure Marcel Benezet.

Les touristes étrangers aux abonnés absents

Pour les restaurateurs, la raison principale de cette baisse de fréquentation est l'absence de clientèle étrangère. "Les Américains et les Japonais sont nombreux à annuler leurs vacances de fin d'année à Paris", décrit Alain Fontaine, propriétaire du restaurant Le Mesturet, dans le 2e arrondissement. En 2014, 260 personnes ont fêté le Nouvel An dans son établissement, cette année, elles ne seront que 90. "Tout cela va nous coûter très cher", poursuit-il, alors qu'il prévoit une baisse de 18% de son activité en décembre, soit 50 000 euros de recettes en moins.

Même constat chez les hôteliers : "Les touristes sont venus à Paris entre Noël et le 31, mais pas pour les fêtes, sans doute à cause des risques élevés d'attentats", témoigne Geneviève Bahler, directrice de l'hôtel quatre étoiles Littré, dans le 15e arrondissement de Paris. "Nos rares touristes étrangers sont déjà tous partis. C'est le calme plat."  Inutile pour autant de baisser les prix, assure-t-elle : "Ce n'est pas le prix le problème, c'est la destination. Plus personne ne veut venir à Paris." Face à cette situation, le Synhoract confie même recevoir de nombreuses demandes d'information de la part de ses membres sur le chômage partiel, voire même le licenciement économique. "Pour la profession, c'est vraiment mauvais signe. Cela ne va pas s'améliorer tout de suite, il faudra du temps au temps", ajoute Geneviève Bahler à francetv info.

Les restaurants renommés épargnés 

Parmi les rares établissements à s'en sortir, il y a les restaurants étoilés ou ceux détenus par un chef médiatique. C'est le cas du restaurant Aux Prés du chef Cyril Lignac : "Nous avons 40 couverts, et nos deux services sont quasiment complets", indique un membre de l'établissement à francetv info. "La fréquentation reste très bonne pour la période, nous avons juste perçu une baisse durant les trois semaines qui ont suivi les attentats." Pour le 31 décembre, la plupart des clients viennent exprès de province pour déguster les "Saint-Jacques rôties, gnocchi de homard et le filet de bœuf grillé au foie gras de canard des Landes". La médiatisation de Cyril Lignac n'y étant sans doute pas pour rien, "en tout cas, on suit notre roulement habituel, notre équipe est au complet".

Même son de cloche au Pré Catelan, situé au coeur du Bois de Boulogne et chapeauté par le chef Frédéric Anton. "Nous faisons un mois de décembre extraordinaire, sans doute en raison du fait que nous sommes situés extra-muros et que les gens se sentent plus en sécurité", indique un salarié de l'établissement. Il y a bien eu quelques jours où la fréquentation a baissé, juste après les attentats, mais le mois de décembre est au final meilleur qu'en 2014. "Il nous reste une seule table pour le 31, mais nous la gardons au cas où un client habituel viendrait à la dernière minute."

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