Procès des attentats du 13-Novembre : l'ancien président de la République François Hollande témoigne mercredi
L'ancien président de la République François Hollande, en poste au moment des attentats du 13-Novembre, va déposer devant la cour d'assises spéciale mercredi. S'il est un témoin de renom, son intervention n'est pas particulièrement attendue par les parties.
Le palais de justice de l'île de la Cité, à Paris, sera plus sécurisé que jamais mercredi 10 novembre. En effet, l'ancien président de la République François Hollande est cité à la barre dans le cadre du procès des attentats du 13-Novembre. Celui qui était le chef de l'État au moment des attaques se trouvait au Stade de France ce soir-là.
Cité par l'association de victimes Life for Paris, François Hollande devra notamment s'exprimer sur le contexte syrien de ces attaques devant la cour d'assises spéciale, pour cette 42e journée d'audience.
L'image d'un président "très marqué" par les attaques
"C'est une horreur. Il y a plusieurs dizaines de tués et beaucoup de blessés", expliquait, très grave, François Hollande pendant la nuit du 13-Novembre. Le président de la République avait pris la parole alors que les attaques étaient encore en cours. Il s'était vite rendu au Bataclan. Quelques mois plus tard, il a créé le premier secrétariat d'État aux victimes. L'ex-président a revu par la suite certains survivants, y compris depuis son départ de l'Élysée.
Sans faire l'unanimité, François Hollande bénéficie du respect de beaucoup de parties civiles. José Clabeau, un agent de sécurité blessé au Stade de France, évoque "un président qui a une humilité". Il a rencontré François Hollande lors d'une commémoration du 13-Novembre. "Cela m'a permis de parler avec lui et on voit bien qu'il a été très marqué par ces événements."
"Peut-être qu'il n'a pas fait tout ce qu'on attendait de lui par rapport à sa campagne mais il était présent pour les victimes des attentats."
José Clabeau, agent de sécurité blessé au Stade de Franceà franceinfo
Si l'association de victimes Life for Paris a demandé à la cour d'entendre François Hollande, c'est pour le questionner sur les opérations militaires et de renseignement de l'époque. "Sa venue est importante parce que ça solennise ce procès, qui l'est déjà beaucoup, mais c'est un politique aguerri. Il ne dira pas plus que ce qu'il a déjà pu dire", tempère de son côté Dominique Kielemoes, vice-présidente de l'autre association de victimes, 13onze15, qui voyait moins l'intérêt d'une telle audition. "Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu des trous dans la raquette car cela a été démontré. On savait qu'il fallait interpeller Abdelhamid Abaaoud et que ce n'était pas la Belgique mais la France qui était visée. Pour autant, on ne veut pas non plus dédouaner les accusés. Ce ne peut pas être le procès des politiques."
La crainte de "créer de la confusion"
Depuis l'ouverture du procès, Salah Abdeslam a répété dans le box que les attentats étaient une riposte aux bombardements de la France et de son président de l'époque en Irak et Syrie. Un enregistrement sonore de l'attentat du Bataclan a aussi été diffusé : on y entend les assaillants crier aux otages que c'est à leur président Hollande qu'ils doivent ce massacre.
Pourtant, pour de nombreux avocats de la défense, cette logique ne doit pas prévaloir. "Cela peut créer de la confusion parce qu'on s'éloigne du droit quand on commence à rentrer dans ces considérations politiques", affirme maître Negar Haeri, qui défend Mohamed Amri, accusé d'avoir aidé Salah Abdeslam à s'enfuir vers la Belgique. "La politique peut être expliquée pour comprendre le contexte dans lequel se sont déroulés les attentats mais c'est le juridique qui prime. Il faut distinguer les deux."
L'une des questions qui se pose est de savoir si les accusés, notamment Salah Abdeslam, sauront rester calme lors de l'audition de François Hollande. Le président de la cour d'assises, Jean-Louis Periès, a en tout cas montré depuis le début du procès qu'il savait gérer les moments de tension. Il devrait tout faire pour empêcher que le ton monte.
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