Procès des attentats du 13-Novembre : les parties civiles pourront suivre les débats via une webradio
C'est inédit dans l'histoire judiciaire française. Pour la première fois, une webradio est mise en place pour permettre aux parties civiles de suivre les débats du procès du 13 novembre 2015 qui s'ouvrent mercredi à Paris.
Justine se préparait à l'idée de ne pas pouvoir suivre le procès qui s'ouvre mercredi 8 septembre en France. Expatriée au Québec après les attentats du 13 novembre 2015, enceinte, avec une ferme à gérer, impossible pour elle de faire le déplacement jusqu'à Paris. La webradio mise en place spécialement pour les parties civiles au procès est donc pour cette rescapée du Bataclan le moyen de ne pas être coupée des débats.
"C’était vraiment frustrant de se dire que les seules infos que j’allais pouvoir avoir allaient transiter soit via des médias, soit via mon avocat."
Justine, rescapée du Bataclanà franceinfo
"Tout ce qui va se dire au procès, ça m’appartient aussi, insiste Justine. La webradio, c’est une très bonne chose pour permettre aux personnes comme moi qui ont eu besoin de refaire leur vie ailleurs de ne pas être totalement en décalage et de pouvoir prendre part au procès quand même".
Il y aussi ceux comme Franck, qui habitent en France, mais ne pourront pas faire le déplacement tous les jours. Cette webradio permet un lien avec les autres victimes mais s’accompagne aussi du risque de faire rejaillir des souvenirs douloureux. "On ne va plus être face à notre petite histoire personnelle, on va voir toute l’histoire. Ça risque d’être très violent, redoute Franck, encore plus que ça l’est depuis six ans".
"C’est un peu ouvrir la boîte de Pandore. C’est là, chez vous, le flux arrive dans l’habitat, dans l’intimité, dans le privé. Il va falloir être très vigilant par rapport à ça."
Franck, un rescapé du Bataclanà franceinfo
Une aide psychologique mise en place
Pour accompagner les parties civiles, un numéro d'aide psychologique s'affiche sur le site de la webradio. Au bout du fil, des psychologues de l'association Paris Aide aux victimes. Pour sa directrice, Carole Damiani, il y a un risque pour les rescapés de replonger, seuls chez eux, dans le traumatisme de ce qu'ils ont vécu. "S’infliger des heures et des heures d’audition de ce qu’on a connu dans ce moment-là peut être aussi une façon d’entrer de nouveau dans ce phénomène de répétition et de ne pas pouvoir s’en sortir, avec une espèce de fascination. D’où l’importance d’une mise en garde", prévient-elle.
"Dès qu’on sent qu’on n’arrive plus à décrocher, qu’on est fasciné, que ça fait peur, il est important d’arrêter avant que le phénomène ne s’amplifie."
Carole Damiani, directrice de Paris Aide aux victimesà franceinfo
En plus de l'équipe de psychologues qui répond au téléphone, des professionnels sont aussi mobilisés un peu partout sur le territoire pour aller à la rencontre des victimes en cas de besoin.
La webradio, accessible à la demande des parties civiles et avec un code d’accès, sera diffusée en différé avec une demi-heure de décalage pour permettre de couper en cas de débordement (type appel au meurtre par les accusés, par exemple). Ce sera sur décision du président de la Cour. L'intégralité des débats y sera retransmise pendant les huit mois d'audience, en français. Il n’y a pas de système de traduction pour les victimes étrangères. Cela aurait impliqué de faire une quinzaine de traductions simultanées donc très compliqué techniquement et lourd financièrement. Certaines ambassades en revanche s’en chargeront de leur côté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.