: Vidéo Procès des attentats du 13-Novembre : Salah Abdeslam en "pilotage à vue, au fur et à mesure, il change sa version", estime l'avocat Jean Reinhart
Mercredi, le seul membre encore en vie du commando jihadiste des attentats du 13-Novembre a assuré qu'il n'avait tué personne. Jean Reinhart attend que le témoignage des experts tranche la question.
Salah Abdeslam "fait du pilotage à vue. Au fur et à mesure, il change sa version", a commenté jeudi 10 février sur franceinfo Me Jean Reinhart, avocat de l'association 13onze15 Fraternité-Vérité. Il a perdu son neveu Valentin dans l’attaque du Bataclan. Mercredi au procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, principal accusé, a affirmé avoir "renoncé" à enclencher sa ceinture explosive.
franceinfo : Croyez-vous Salah Abdeslam ?
Jean Reinhart : Non. Je pense qu'il fait des essais. Nous en sommes à sa quatrième version. La première version, c'est quand il ne parlait pas. La deuxième, c'était au début du procès lorsqu'il a réaffirmé son attachement à l'État islamique en disant, et c'est sa troisième version, que c'est en raison des vengeances qu'il devait agir sur le territoire français. Là, nous sommes dans quelque chose de plus intime puisqu'il laisse entendre qu'il n'a pas voulu déclencher sa ceinture parce que ce n'était pas dans son idée. Il en conclut qu'il n'a pas de sang sur les mains et que donc le tribunal doit le condamner à une peine réduite. On est dans le "sauve qui peut". On est au cinquième mois d'audience, il y a des choses qui se sont passées, des témoignages qui sont intervenus et il est obligé de réactiver sa position. Il fait du pilotage à vue.
Avez-vous pu parler avec les victimes des attentats ? Comment ont-elles accueilli ses propos ?
Avec beaucoup de réserves. Les parties civiles sont très étonnantes parce qu'elles suivent très patiemment ce procès et elles ont bien constaté qu'au fur et à mesure,il changeait sa version. Son discours n'est pas très cohérent, il dit des choses qui ne sont pas vraies, il y a une part de mystère qui reste entière. Il essaie de faire des gestes envers les parties civiles, propose qu'elles soient rencontrées, il ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il y a la famille à l'extérieur donc il réaffirme son attachement à l'État islamique.
"C'est une bouillie pour chat et on est dans une situation où on ne peut pas le croire."
Me Jean Reinhart, avocat de l'association 13onze15 Fraternité-Véritéà franceinfo
Il est dans une démarche de vérité certainement mais on n'y est pas encore. Les experts vont nous indiquer si ou non sa ceinture n'a pas fonctionné ou est-ce qu'il l'a véritablement enlevé.
S'il a vraiment renoncé au dernier moment. Est-ce que cela changerait quelque chose ?
Oui cela changerait quelque chose sur une appréhension de ce qui s'est passé le 13 novembre. Mais il fait une sorte de chantage envers la Cour et c'est tout à fait inacceptable. Il dit que si on le condamne très lourdement cela veut dire que, s'il se fait sauter avec beaucoup de morts autour de lui ou que s'il ne se fait pas sauter, il n'y a pas de différence. Il dit qu'il veut bientôt retrouver ceux qui sont morts. Cela veut dire quoi ? Comme il ne peut pas se suicider cela veut dire que lorsqu'il sortira il recommencera ? Tout est nébuleux et l'audition d'hier n'a pas franchement aidé.
Pensez-vous qu'il va continuer à s'exprimer ?
Il a besoin de parler, d'essayer de trouver une solution à sa situation impossible. Il continuera de le faire. C'est tout de même une bonne chose pour nous tous parce qu'on a quand même quelques indications sur ce qu'il s'est passé.
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