Procès des attentats du 13-Novembre : après l'audition des parties civiles, les psychologues "très attentifs au contrecoup"
L'audition des 350 parties civiles s'achève cette semaine. Des moments très émouvants et très éprouvants.
Au procès des attentats du 13 novembre 2015, suite et fin cette semaine des témoignages des parties civiles. Après cinq semaines d'audition, et avant d'aborder la personnalité des accusés à partir du lundi 1er novembre, 350 victimes ou proches de victimes se sont exprimés devant la cour. Un moment éprouvant pour tous. Jean-Pierre Albertini ne décroche pas de l'écoute des témoignages. Lui a pris la parole la semaine dernière, endeuillé par la mort de son fils Stéphane, 39 ans, dans l'attaque terroriste au Bataclan. "Je pleure souvent mais depuis six ans on pleure beaucoup, alors les glandes lacrymales sont malheureusement rodées, dit-il. C'est très émouvant, on voit les dégâts, le désastre que ça a occasionné."
"C'est un Tchernobyl. Toutes ces familles de victimes où il y a eu des maladies gravissimes et des gens qui sont morts de chagrin."
Jean-Pierre Albertini, père d'une victime des attaques au Bataclanà franceinfo
Le soutien des psychologues de l'association Paris Aide aux Victimes, présents dans la salle, est pour lui un réconfort. Tout comme pour José Munoz le père de Victor, 24 ans, disparu sur la terrasse de La Belle Equipe. "J'ai coupé à certains instants. J'admire la cour qui tous les jours, pendant des heures, a entendu des choses toutes aussi émouvantes les unes que les autres, confie-t-il. C'était tellement important d'avoir leur vécu. Ils avaient envie de dire des choses et c'est fabuleux que la République nous permette de nous écouter."
Les psychologues très sollicités pendant le procès
Une écoute douloureuse pour Carole Dammiani, psychologue et directrice de l'association Paris Aide aux Victimes. "Ce qui ressort de tous ces témoignages c'est cette possibilité de reconstruire le puzzle, de reconstruire une histoire où il y a beaucoup moins de trous qu'auparavant. Il y a beaucoup de choses qui se reconstruisent, qui se tricotent ensemble. Et puis il y aussi une douleur très intense d'entendre les autres témoignages. C'est vrai que les psychologues ont été très sollicités sur ces dernières semaines", constate-t-elle.
L'association a dû intervenir plusieurs centaines de fois pour aider les victimes dans la salle, et les autres aussi. "Ce qui nous a surpris, ce n'est pas tant les parties civiles, qui ont des attitudes que l'on retrouve dans d'autres procès, c'est plutôt les professionnels. Il y en a beaucoup qui sont venus aussi nous solliciter parce que, me disent-ils, ils ont cette carapace professionnelle et pourtant, là, c'était particulier", raconte Carole Damiani.
"Il y a un mot qui est très souvent utilisé, soit par les victimes, soit par les professionnels, que ce soit des dessinateurs ou des journalistes, c'est la 'puissance' des témoignages."
Carole Damiani, psychologueà franceinfo
"Mais c'est vrai que pour les parties civiles, ça leur coûte une énergie très importante et nous sommes très attentifs au contrecoup", poursuit-elle. Les psychologues vont d'ailleurs garder un œil régulier sur ceux qui en ont eu besoin pendant la durée du procès, et après s'il le faut.
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