: Vidéo Alain Brunet, le psy qui voudrait effacer les traumatismes avec une pilule
Soigner le stress post-traumatique en intervenant sur la mémoire, c'est ce que propose le psychologue Alain Brunet. Comment ce chercheur canadien a-t-il ouvert une voie qui pose d'importantes questions éthiques ? Extrait d'une rencontre avec "Envoyé spécial".
Un comprimé pour oublier, c'est ce que propose un nouveau traitement aux personnes submergées par le stress post-traumatique. "Envoyé spécial" a pu suivre les étapes d'un protocole de soins extraordinaire destiné à des victimes ou témoins d'attentat et a rencontré à Montréal celui qui l'a mis au point, Alain Brunet. Extrait.
L'origine d'une vocation
A l'origine de la "vocation" de ce chercheur canadien, il y a le 6 décembre 1989. Il a 25 ans, quand sur le campus de son université a lieu une tuerie qui va bouleverser le Québec tout entier. Un étudiant débarque armé à l'école Polytechnique, abat 14 jeunes femmes et en blesse 14 autres au nom de sa haine du féminisme.
"Pour nous, c'était comme si la terre arrêtait de tourner, s'exclame-t-il. C'était un séisme." Intervention policière ratée, prise en charge médicale improvisée... Alain Brunet est persuadé qu'on peut faire mieux. Et décide de s'orienter vers l'étude du stress post-traumatique.
La méfiance du public et des scientifiques
Alors, au début des années 2000, quand la science découvre la possibilité de modifier les souvenirs chez les animaux, le chercheur est le premier à proposer un essai clinique sur l'homme, auprès des vétérans canadiens. Mais le public a peur que les anciens soldats soient traités "comme des guinea pigs, des cobayes".
L'idée de manipuler la constellation de nos souvenirs n'est pas sans poser d'importantes questions éthiques... "comme si on jouait aux apprentis sorciers avec le cerveau des gens". Le chercheur peine à convaincre la communauté scientifique. Un comité d'éthique québécois finit par l'autoriser à recruter des volontaires. En trois essais cliniques, il démontre que le traitement est efficace dans deux tiers des cas : les symptômes de stress post-traumatique diminuent ou disparaissent.
Extrait de "Victimes d'attentat, un comprimé pour oublier ?", diffusé dans "Envoyé spécial" le 14 septembre 2017.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.