"Sa vie, c'était la patrie" : les proches d'Arnaud Beltrame témoignent au sixième jour du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne

Alors que le procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne entre dans sa deuxième semaine, les proches d'Arnaud Beltrame ont été appelés à témoigner lundi.
Article rédigé par franceinfo
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Le portrait d'Arnaud Beltrame lors d'une minute de silence au ministère de l'Intérieur à Paris, le 28 mars 2018. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le sixième jour d'audience s'est déroulé à la cour d'assises spéciale de Paris, lundi 29 janvier, au procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne. La cour a entendu les proches d'Arnaud Beltrame, le gendarme qui s'est échangé contre une otage et qui a été assassiné par le terroriste.

La mère d'Arnaud Beltrame est venue témoigner pour défendre vigoureusement le geste de son fils. "Arnaud, ce n'est pas que le héros de la France, c'est aussi mon fils", lance Nicole Beltrame, pull noir et rouge, chevelure remontée en chignon. Le débit est rapide, presque virulent : "Arnaud ne s'est pas sacrifié, il a eu du courage. Sa vie, c'était la patrie."

"Des dizaines de jeunes ont voulu devenir gendarme grâce à lui"

À son tour, Damien s'avance à la barre : "J'ai la chance d'avoir été le petit frère du soldat et du guerrier. Ça me rassure de savoir qu'il est mort en combattant. Quand Arnaud avait 15 ans, je n'avais que 7 ans. On se mettait du noir sous les yeux et on jouait à la guerre. Il a été la même personne tout au long de sa vie."

"Qui ose gagne" : sur sa tombe est gravée cette devise des paramilitaires. "J'aurais préféré qu'il s'en sorte vivant. Ça fait six ans que je tourne ça dans ma tête. Mais là où il a gagné, c'est que des dizaines de jeunes ont voulu devenir gendarme grâce à lui", soutient Damien, avant d'ajouter : "Je veux que justice soit faite, exemplaire et très dure envers les accusés." Le président lui répond que "la justice est un lourd fardeau."

"Ma vie d'avant je l'ai perdue"

Tout au long de la journée, la cour a également entendu les salariés du Super U de Trèbes. Un moment douloureux et déchirant. Pour tous, il y a d'abord eu ce bruit "d'une palette qui tombe". Quelques secondes plus tard, la panique face à ce cri "Alahu akbar".

"Ma vie d'avant, je l'ai perdue", lancent un à un les salariés qui défilent à la barre. Serrés les uns contre les autres, sur les bancs des parties civiles, tous étaient proches de Christian, le boucher tué au Super U. "Après l'attentat, ça a été la descente aux enfers. Je ne pouvais plus m'occuper de mon fils pendant un an et demi", lance Celine, 30 ans.

Pour Charlotte, 33 ans, ce sont des crises d'angoisse au moindre bruit, "même celui du champagne qu'on débouche" ou "des feux d'artifice" . "Je n'ai pas pu emmener mes enfants au parc, ni au cinéma", dit-elle. Impossible, pour elle comme pour d'autres, de reprendre le travail, même six ans plus tard : "Aujourd'hui, je suis au chômage car le travail, c'est associé à la mort. On se lève un matin et on ne rentre pas. Je suis venue ici avec des grosses valises, Monsieur le président. J'espère pouvoir en déposer quelques-unes."

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