Au procès de l'assassinat de Samuel Paty, l'interrogatoire très attendu du père d'élève qui a publié des messages haineux contre le professeur
Brahim Chnina est le père de la collégienne qui avait menti en affirmant que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet, alors que sa fille n'était même pas présente en cours. Il doit être l'un des huit accusés à être entendu lundi 2 décembre. Poursuivi pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages puis des vidéos haineuses contre Samuel Paty, il encourt 30 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Pour les enseignants, ce parent d'élève a une grosse responsabilité dans la mort de leur collègue.
"Pourquoi est-ce qu’il fait une vidéo plutôt que d’utiliser la messagerie du collège ou d’en parler directement avec le professeur concerné ?", s’interroge Mathias, professeur d'anglais au collège où enseignait Samuel Paty. Le père s’était rendu au collège, mais pas "forcément avec la formule appropriée", juge Mathias. "Quand on vient au collège, on se présente, et on ne vient pas avec quelqu’un qui se fait passer pour un imam pour faire pression sur la communauté éducative et la principale".
"J'ai envie de savoir s'il assume"
Mathias veut "vraiment essayer de comprendre ce comportement agressif qui a fait que notre collègue n’est plus là". Il fait partie de ceux qui ont raccompagné Samuel Paty chez lui en voiture, quand les menaces ont commencé. Comme les autres professeurs en poste au collège du Bois d'Aulne en 2020, l'attentat a bouleversé sa vie.
Charlie, lui, a encore des images terribles en tête : le corps de son collègue, allongé sur le trottoir, quelques secondes après l'assassinat. Aujourd'hui, il voudrait que le père d'élève et le prédicateur qui l'accompagnait répondent à ses questions : "J’ai envie de savoir ce qu’ils ont à dire et s’ils assument, au moins en partie, sachant que ce qui est rapporté a priori de leurs auditions est qu’ils n’assument rien. Je suis préparé émotionnellement à ça, même si ça va être dur."
Charlie pourra compter sur le soutien de ses collègues. Depuis le début du procès, ces professeurs suivent les audiences ensemble. Une solidarité, un esprit d'équipe, qui caractérise ce groupe, depuis quatre ans.
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