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"J'avais besoin d'en parler à quelqu'un" : les élèves du collège de Samuel Paty ont fait leur rentrée en décalé, avec des psychologues

Les collégiens ont été accueillis par niveau, mardi, avec des moments d'échange sur l'attentat. Plusieurs psychologues les ont accompagnés.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les élèves du collège de Samuel Paty ont fait leur rentrée mardi 3 novembre. (VICTORIA KOUSSA / RADIOFRANCE)

Des groupes d'amis sortent du collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). C'est une rentrée décalée pour les élèves, mardi 3 novembre, plus de deux semaines après l'assassinat de leur professeur d'histoire Samuel Paty. Ils sont accueillis par niveau, pendant deux heures et ce durant toute la journée, afin de mettre des mots sur l'attentat.

Sur la façade du bâtiment, il reste quelques roses blanches en mémoire de l'enseignant. Vider son sac, mettre des mots sur l'horreur, cela a fait beaucoup de bien, raconte Kilian, un élève en 3e : "Quand on a commencé à parler de ça, il y a des professeurs, leur surcharge d'émotions elle a explosé et du coup, il y en a qui ont pleuré. Moi, c'était déjà passé. C'était un soulagement en plus on va dire. Mais pour d'autres, je pense que oui, ça leur a fait vraiment du bien de parler de ça."

"Colère, tristesse, peur et dégoût"

Théo en fait partie, lui est en sixième : "On a parlé des émotions sur un bout de papier. Ce qu'on ressentait maintenant. J'ai mis colère, tristesse, peur et dégoût." Le dégoût, à cause d'une photo montrée par un ami, celle du corps de Samuel Paty, qui a circulé sur les réseaux sociaux après l'attentat. "Sans que je le demande, on m'a dit 'regarde' et donc j'ai regardé. Je ne pensais pas qu'on allait me montrer une image de quelqu'un de décapité. J'ai eu l'appétit coupé pendant une semaine, ça m'a choqué. J'avais besoin d'en parler à quelqu'un."

J'en avais déjà parlé avec toute ma famille et parler avec la classe, ça m'a fait du bien aussi.

Théo, un élève de sixième

à franceinfo

Avec eux, dans chaque classe, un psychologue pour ouvrir le dialogue, la cellule d'écoute va rester encore quelque temps dans l'établissement. Autre exercice demandé aux élèves aujourd'hui, écrire une lettre à un ou plusieurs professeurs. Théo, lit la sienne à sa mère. "Je me suis rendu compte à quel point votre métier de professeur vous expose au danger de la vie, vie qui a été lâchement volée à quelqu'un qui prenait son métier à cœur. Je vous admire pour votre courage et vous remercie de m'enseigner et de m'apprendre à être un citoyen cultivé. Merci."

Sa mère est émue : "J'ai des larmes qui montent. Je me dis qu'il a en tout cas saisi l'importance et les conséquences que peut avoir cet évènement." Même si les cours reprennent demain, les jeunes veulent continuer d'honorer leur enseignant assassiné. Parmi leurs idées, il y a notamment la création de messages sur la liberté d'expression, à afficher dans toute la ville de Conflans-Sainte-Honorine.

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