"On n’est pas responsables et on a payé pendant cinq mois" : les fidèles se réjouissent de la réouverture de la mosquée de Pantin
L'établissement avait été fermé administrativement en octobre dans le sillage de l’assassinat de Samuel Paty. Cette mosquée de Seine-Saint-Denis rouvre vendredi sous conditions mais avec le soulagement des fidèles.
Un gros souffleur pour se débarrasser des feuilles mortes entassées près de la salle de prière et de l’huile de coude. Ahmed un fidèle vient donner un coup de main pour nettoyer la mosquée de Pantin pour la réouverture vendredi 9 avril. "Ça fait cinq mois et demi", s’exclame-t-il. La mosquée de Pantin en Seine-Saint-Denis, fréquentée par 1 300 fidèles, était sous le coup d’une fermeture administrative depuis le 21 octobre 2020 dans le sillage de l’assassinat de Samuel Paty. Les autorités reprochaient à la mosquée d’avoir relayé sur sa page Facebook la vidéo d’un parent d’élève mettant en cause le professeur pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours.
"On est super contents", lance Djibril qui est aussi venu aider. "Il reste à faire à l'intérieur pour désinfecter avec du produit. On a du gel et chacun ramènera son tapis", explique Djibril qui se rendait à Drancy pour prier : "C’était très embêtant, surtout pour les personnes âgées qui ont du mal à aller là-bas." Privé de la mosquée où il avait ses habitudes pendant de long mois, cette fermeture a été difficile pour cet homme très pieux. "Très douloureux, insiste-t-il. On n’est pas responsables et on a payé pendant cinq mois.”
"On ne cache rien"
Cette réouverture n’a pu se faire qu’à deux conditions principales, exigées par le ministère de l'Intérieur et le préfet du département. La première est la nomination d'un nouveau recteur. Il s'agit de Dramé Abderahmane. Il a été choisi et s’engage à un culte en toute transparence : "Il faut être rassuré. On peut pratiquer l'islam en respectant la République, c'est la loi. On ne cache rien. Tout ce qu'on fait, on veut ce soit en transparence entre nous, les fidèles et l’État." L’autre condition imposée était un nouvel imam. "C’est un jeune à former, explique Dramé Abderahmane. Il est connu par la Grande Mosquée de Paris. C'est quelqu'un de confiance."
Concernant les caméras de surveillance, le recteur affirme qu’elles vont être prochainement installées à l'intérieur et à l’extérieur de la mosquée. À l’extérieur, Ibrahim gratte le sol pour enlever les mauvaises herbes. Il a hâte de tourner la page et d’être à la première prière prévu vendredi à 13 heures. "C’est notre vie", explique l’homme qui pendant la fermeture priait "à la maison, ce n'est pas pareil". Une réouverture d’autant plus attendue par les fidèles car le ramadan débute dans quelques jours.
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