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Attentat à Strasbourg : trois raisons pour lesquelles les enquêteurs s'activent en Allemagne

Une opération de police a eu lieu à Kehl et le parquet fédéral allemand a ouvert une enquête pour "meurtres" et "tentatives de meurtres" après l'attentat du marché de Noël de Strasbourg. 

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers allemands sur le pont de l'Europe qui relie la France et l'Allemagne, le 13 décembre 2018.  (SEBASTIAN GOLLNOW / DPA / AFP)

Plus de 40 heures après l'attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt n'a toujours pas été localisé, jeudi 13 décembre. Plus de 700 membres des forces de l'ordre sont à pied d'œuvre pour le retrouver. Est-il encore à Strasbourg ? S'est-il enfui ailleurs en France ? A-t-il mis le cap vers l'Allemagne voisine ? "Cela ne peut être exclu", a répondu le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez mercredi, sur France Inter, qui précisait alors que "le bouclage des frontières" était "assuré". Les autorités françaises "sont bien entendu en lien avec les autorités allemandes", a confirmé le préfet de la région Grand Est Jean-Luc Marx.

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Les polices allemandes et françaises ont effectué des contrôles dans les trains et sur les routes, tout le long de la frontière jusque dans le Haut-Rhin, et une opération de police a été menée à Kehl, en Allemagne, a confirmé un porte-parole de la police allemande à France 2. D'autre part, le parquet fédéral allemand a ouvert une enquête pour "meurtres" et "tentatives de meurtres" après l'attentat du marché de Strasbourg, "en raison de l'importance particulière de l'affaire" et parce que "des ressortissants allemands se trouvaient sur les lieux lors de l'attaque", a justifié une porte-parole du parquet fédéral, citée par la presse allemande.

Pourquoi les autorités allemandes se mobilisent si rapidement pour un attentat commis par un ressortissant français sur le sol français ? Franceinfo fait le point.

Parce que l'Allemagne est toute proche

Du quartier de Neudorf, à Strasbourg, il faut 11 minutes, en voiture, pour atteindre le pont de l'Europe, traverser le Rhin et atteindre Kehl. Autant en vélo, et une grosse demi-heure à pied. Pour semer les forces de l'ordre à ses trousses, il n'aurait pas été plus difficile pour Cherif Chekkat de passer en Allemagne que d'emprunter n'importe quelle autre direction.

Consciente de cette possibilité, la police française a d'ailleurs diffusé son appel à témoins pour retrouver Cherif Chekatt également en allemand.

Les contrôles à la frontière ont depuis été rétablis, après le déclenchement du plan d'"urgence attentat". Jeudi matin, on relevait jusqu'à quatre heures de bouchon sur le pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl, en Allemagne, en raison des contrôles aux frontières, rapporte France 3 Grand Est. L'hypothèse d'une fuite vers l'Allemagne est d'autant plus plausible que c'est loin d'être la première fois que Cherif Chekatt traverse la frontière.

Il a déjà commis des délits et a été condamné en Allemagne 

En 2012, Cherif Chekatt avait déjà été arrêté en Allemagne après avoir pénétré dans un cabinet dentaire à Mayence, la capitale du land de Rhénanie-Palatinat. A l'intérieur, il aurait dérobé un coffre-fort contenant la caisse, un vol dont la valeur est estimée à 1 467 euros en argent liquide, 192 euros en timbres et 6 572 euros en or dentaire, selon les informations du Monde.

Rebelote en 2016, à Engen, où il entre par effraction dans une pharmacie à l'aide d'un tournevis. Il repart avec trois caisses, pour un total de 315 euros avant d'être identifié par la vidéosurveillance. Suite à ce délit, Cherif Chekatt a été condamné à "2 ans et 3 mois de prison en 2016 pour cambriolages", selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur de la région de Bade-Wurtemberg où l'intéressé avait sévi. Il a purgé un peu plus d'un an en Allemagne avant d'être expulsé en France en 2017. 

Lors de son interpellation en Allemagne, le Français n'avait cependant pas pu donner de nom, ni d'adresse d'un proche dans le pays, ce qui lui aurait pourtant évité d'être placé en détention provisoire dans l'attente de son procès, comme l'a appris franceinfo auprès de l'avocat allemand Thomas Röder qui l'avait alors défendu. 

Des appels vers et en provenance d'Allemagne ?

Selon la radio allemande Inforadio-RBB, citant des sources proches de l'enquête, Cherif Chekatt aurait reçu, juste avant l'attaque, un appel en provenance d'Allemagne, auquel il n'aurait pas répondu. D'autre part, selon les médias allemands, qui citent des sources sécuritaires, le suspect aurait appelé un ou plusieurs numéros allemands dans les jours précédant l'attaque. Des informations qui ne nous ont pas été confirmées. 

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