Strasbourg : "Chaque fois qu'il y a un nouvel attentat, c'est un coup de poing dans l'estomac"
Pour le porte-parole et directeur général de l'Association française des Victimes de Terrorisme, l'essentiel est d'accompagner psychologiquement toutes les personnes touchées de près ou de loin par un attentat.
"Personnellement, chaque fois qu'il y a un nouvel attentat, c'est un coup de poing dans l'estomac, a indiqué jeudi 13 décembre sur franceinfo Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole et directeur général de l'AfVT (Association française des Victimes de Terrorisme). "Même si on s'y attend, même si par métier et par le fait qu'on est professionnel dans ce domaine, on s'y attend, c'est chaque fois un peu un choc", a-t-il reconnu à la suite de l'attentat près du marché de Noël de Strasbourg.
Besoin de partage et de pudeur
Le porte-parole et directeur général de l'AfVT a insisté sur la nécessité d'être suivi psychologiquement. "Il y a un énorme besoin de partager et en même temps, il y a aussi quelques fois une pudeur qui fait que les gens ne préfèrent pas parler de ce qu'ils ont vu ou entendu", a relevé Guillaume Denoix de Saint Marc.
"Il y a trois catégories : d'abord les familles de ceux qui sont morts, les personnes vers qui il faut qu'on aille en tout premier - et là, les services de l'État savent très bien faire, il y a une action rapide, il y a beaucoup d'enseignements qui ont été tirés des dysfonctionnements précédents, notamment ceux du 13-Novembre - il y a tous ceux qui ont été blessés et qui, bien sûr, sont tout de suite hospitalisés et pris en charge, et il y a aussi la grande masse de ceux qui ont été choqués, qui n'ont pas de blessures physiques", a-t-il énuméré.
A Strasbourg, et ailleurs : "C'est le principe même du terrorisme, c'est la terreur et la terreur peut créer des blessures psychologiques importantes, pas forcément visibles", a affirmé Guillaume Denoix de Saint Marc.
Le plus dur, c'est d'arriver à ce que les victimes soient conscientes du fait qu'elles ont été traumatisées
Guillaume Denoix de Saint Marc
"Parfois, il y a une sorte de déni", a expliqué Guillaume Denoix de Saint Marc. "Et souvent, les personnes les plus affectées sont des personnes qui refusent de voir : 'Je n'ai rien, je ne suis pas la priorité, je n'ai pas de blessure, tout va bien, je vais m'en sortir'. Et ils s'aperçoivent que c'est compliqué, que le sommeil ne revient pas, qu'il peut y avoir de l'anxiété. On récupère aujourd'hui encore des victimes traumatisées de l'attentat de Nice. Et entre temps, il y a eu malheureusement une descente aux enfers avec perte d'emploi, problèmes familiaux, perte de logement, toute une désescalade sociale liée au fait que la personne avait refusé de voir qu'elle n'allait pas bien", a-t-il ajouté.
Est-ce que les rescapés des attentats s'en sortent toujours, à la fin ? "Non, pas forcément. Malheureusement, on a quelques fois des suicides, des gens qui n'arrivent pas à s'en sortir, c'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter à se faire connaître et être accompagné, il ne faut pas avoir de fausse pudeur", a assuré le porte-parole et directeur général de l'AfVT.
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