Haut-Rhin : ce que l’on sait de l’adolescent de 14 ans soupçonné de préparer un attentat et interpellé mardi
Un adolescent de 14 ans, interpellé mardi matin 4 avril chez lui dans le Haut-Rhin, a été mis en examen jeudi 6 avril pour des soupçons de préparation d'action violente d'inspiration jihadiste et placé sous contrôle judiciaire. Décrit comme un "passionné d’explosifs" par son avocat, le jeune garçon avait attiré l’attention des services de renseignement depuis seulement quelques jours. Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait de cette affaire vendredi 7 avril, à la mi-journée.
Un jeune détecté récemment par les services de renseignement
L’adolescent de 14 ans avait été interpellé mardi 6 avril à son domicile à Rosenau, dans le Haut-Rhin par des enquêteurs de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le Parquet national antiterroriste (Pnat). Selon une source proche du dossier, jointe mardi par franceinfo, les services de renseignement l'avaient repéré il y a quelques jours seulement. La DGSI avait alors acquis la conviction que cet adolescent avait acheté du matériel pour confectionner des explosifs. Ce mineur radicalisé "acquis aux thèses de Daech", selon une source proche du dossier, a tenté de confectionner un engin explosif artisanal. Il avait également prêté allégeance, ajoute une autre source.
"Les premières investigations ont permis de constater que ce mineur était détenteur de nombreux produits explosifs ou substances pouvant entrer dans la composition d'engins explosifs", a confirmé mercredi le Parquet national antiterroriste à franceinfo. "De surcroît, il avait téléchargé plusieurs vidéos de propagande de l'État islamique et était en lien avec des sympathisants de cette organisation terroriste", a-t-il ajouté.
Mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste"
À l'issue de sa garde à vue qui ne pouvait excéder quarante-huit heures compte tenu de son âge, le garçon a été présenté jeudi à un juge d'instruction antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris. Il a été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes" et "infraction à la législation sur les explosifs en relation avec une entreprise terroriste", a indiqué le Parquet national antiterroriste. Il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du Parquet antiterroriste.
>> Haut-Rhin : le mineur de 14 ans soupçonné de préparer un attentat a été mis en examen
D'après le Pnat, "jusqu'au début des années 2010, la mise en cause de personnes mineures était exceptionnelle dans les procédures de terrorisme". Mais "depuis 2015, plus de 100 individus ont été condamnés par le tribunal pour enfants ou la cour d'assises des mineurs spécialement composée pour des faits de terrorisme" et "six autres personnes sont en cours ou en attente de jugement devant une juridiction des mineurs". "
"A ce jour, 20 personnes sont mises en examen pour des faits terroristes commis en tout ou partie en tant que mineurs", a ajouté le parquet, précisant que "16 d'entre elles ont été mises en examen depuis le 1er janvier 2020 dont 15 pour leur implication dans des projets d'action violente ou dans des actions violentes menées à leur terme". Sur l'ensemble des personnes condamnées, en attente de jugement ou mises en examen, "un seul mineur a effectivement commis un acte violent".
Un "apprenti chimiste manipulé", défend son avocat
Joint ce jeudi soir par franceinfo, après l’annonce de la mise en examen de l’adolescent, son avocat Pierre Lumbroso a évoqué "un apprenti chimiste qui n'aurait jamais dû se retrouver dans cette situation, à être manipulé par des gens qui peuvent être très dangereux". L’avocat présente le jeune garçon de 14 ans comme "un passionné d'explosifs" qui s'amusait à faire sauter des charges dans un champ. "Il a toujours demandé à sa maman d'aller dans les grandes surfaces, pour acheter du salpêtre, du bicarbonate et encadré avec sa maman dans la cuisine, il s'est mis à confectionner des choses qui font 'boum'", raconte son avocat.
"Un jour, un de ses petits copains lui a dit si ‘ça t'intéresse de faire plus gros, il suffit d'aller sur le darknet sur Telegram et peut-être que tu vas pouvoir entrer en contact avec des gens de Daech, des jihadistes’", poursuit-il, "Il s'est mis à tchater avec un jihadiste qui a commencé à tenter de le manipuler", explique maître Pierre Lumbroso.
Selon Thierry Litzlet, le maire de Roseneau, ville familiale de cet adolescent, le garçon vivait au sein d'une famille "sans histoires" qui ne "faisait pas parler d'elle, il n'y avait rien de particulier".
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